vendredi 23 septembre 2011

Microcrédit en Suisse (conférence)

Le 28 septembre, Microcrédit Solidaire Suisse organise à Lausanne la conférence "Le microcrédit en Suisse, acteurs et réflexion". Les places sont à réserver à cette adresse : ms@microcredit-solidaire.ch. Voici le déroulé de la journée :

microcrédit solidaire suisse
13h45 Accueil

14h15 : Georges Aegler (1911-2007). Le pionnier.
- Lecteur et inventeur du microcrédit en Suisse
- Fondateur et président d’ASECE

15h00 : Les protagonistes du microcrédit solidaire
- Les créateurs d’entreprise – table-ronde animée par Ph. Lugassy
- Les experts bénévoles et les bénéficiaires – témoignages croisés

16h15 : Pause et dégustations

16h45 : Stratégie de développement de son entreprise
- Stefan Mühlemann, fondateur, directeur et administrateur d’Amon Consulting & Management SA

17h15 : La microfinance. Possibilités et limites d’une alternative
Prof. Paul H. Dembinski, co-fondateur et directeur de l’Observatoire de la Finance

18h00 : Apéritif dînatoire

jeudi 22 septembre 2011

Grameen Foundation et l'USAID s'allient pour la microfinance au Pérou

La Grameen Foundation et l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) ont annoncé le 21 septembre le prêt commun de 1,5 millions de dollars à la coopérative péruvienne à but non lucratif Cooperativa de Ahorro y Crédito (ABACO), afin de financer deux institutions de microfinance (Pro Mujer Peru et Arariwa) et développer l'accès au microcrédit dans les zones rurales.

Alex Counts Grameen FoundationAlex Counts, Président de la Grameen Foundation.

Alex Counts, Président de la Grameen Foundation, a commenté : " alors que le Pérou est l'un des marché les plus compétitifs de microfinance, plusieurs zones du pays ne bénéficie toujours d'aucun service. Nous sommes heureux de travailler avec l'USAID et ABACO pour aider Pro Mujer Peru et Arariwa a obtenir les financements locaux dont ils ont besoin pour financer les communautés les plus marginalisées, en particuliers dans les zones rurales".

Lire également : Histoire de la microfinance au Pérou

mercredi 21 septembre 2011

Croissance record de la microfinance au Maroc

Selon une Note Focus, distribuée lors de la 5ème conférence africaine de la microfinance qui se teint du 19 au 22 septembre, au siège de la Commission économique pour l'Afrique (CEA) à Addis-Abeba, le secteur marocain du microcrédit a connu l'une des plus formidables croissances jamais observées en microfinance. En moins de quatre ans, de 2003 à 2007, le portefeuille de prêts des IMF a été multiplié par onze, et la clientèle par quatre. Cette croissance exceptionnelle a été portée par quatre IMF leaders : Zakoura, Al Amana, Fondation des Banques Populaires et Fondep.

Microfinance MarocCroissance record de la microfinance au Maroc entre 2003 et 2007.

Soutien du Fonds Hassan II et de la communauté internationale

La Note Focus rappelle que la loi sur la microfinance de 1999 a fourni un cadre clair pour le développement du secteur, et le gouvernement marocain a apporté un soutien financier par le biais d'un fonds public, le Fonds Hassan II, qui a permis aux premières IMF du pays de se doter en capital. Le secteur a également bénéficié de l'appui de la communauté internationale des bailleurs de fonds, principalement de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et de la Commission européenne.

Depuis 2005, 1,4 million de personnes de Maroc qui ont bénéficié de microcrédits, pour une valeur totale d'environ 620 millions d'euros. La Fédération nationale des associations du microcrédit (FNAM) prévoit un plan d’action ambitieux, visant à atteindre 5 millions de bénéficiaires à l’horizon 2012.

Un nouveau plan de microfinance pour sortir de la crise

Pour sortir de l'actuelle crise, le gouvernement a mis en place, en collaboration avec la banque centrale marocaine, Banque Al-Maghrib (BAM) et la Fédération nationale des associations de microcrédit (FNAM), un plan de consolidation du secteur du microcrédit. Ce plan comprend quatre priorités :
  1. Renforcer les IMF : la BAM a décidé de consolider la gouvernance des IMF et d'améliorer la transparence. Aussi, le gouvernement marocain a dégagé 46 millions de dollars du Millenium Challenge Account pour allouer de nouvelles ressources et fournir une assistance technique destinée à renforcer les systèmes et les contrôles internes des IMF.
  2. Contrôler les prêts croisés et la prévention du surendettement.
  3. Sécuriser des liquidités pour le secteur.
  4. Améliorer le cadre réglementaire de la microfinance.

Source : MarocJournal.net

mardi 20 septembre 2011

Evolution de la microfinance au Liban

Le Portail Microfinance a mis à jour ses données sur l'évolution de la microfinance au Liban. Malgré une croissance remarquable ces dernières années (37% de progression en nombre d’emprunteurs sur les années 2008-09), le secteur de la microfinance au Liban reste toujours marqué par un développement plus ralenti comparé aux autres pays arabes et une portée faible avec une estimation de 11,5% seulement de la population potentiellement nécessiteuse couverte.

microfinance liban
Selon Sanabel, le réseau de microfinance des pays arabes, l’encours de l’ensemble des portefeuilles de microcrédit au Liban s’élevait en 2009 à environ 62 millions de dollars pour un nombre de clients actifs situé entre 38,000 et 55,000.

Un manque de cadre règlementaire

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette faiblesse de portée. Entre autres, l’absence de cadre réglementaire avec pour conséquence la restriction pour les IMF de collecter de l’épargne et donc de se voir privé d’un accès important à des ressources financières, et qui les amènent à d’avantage de dépendance par rapports aux bailleurs et aux banques ; la prudence dont font preuve les IMF dans l’octroi des crédits en raison de l’absence d’un bureau de crédit (Centrale des Risques) ; une compétitivité peu stimulée en raison notamment de la faible portée des IMF du pays.

En plus de la promulgation d’un cadre réglementaire adéquat, deux autres défis attendent le secteur : l’élaboration d’une stratégie nationale qui spécifierait le rôle de la microfinance dans le développement du pays et faciliterait la synergie entre les différents acteurs ; la mise en place d’une association professionnelle qui coordonnerait les échanges de bonnes pratiques et instaurerait une émulation positive entre les IMF.

lundi 19 septembre 2011

Microcrédit personnel à Changé en Mayenne

À la suite de la décision prise par le Centre communal d'action sociale (CCAS) le 30 juin dernier, Olivier Richefou, le maire de Changé, Catherine Deniau, adjointe à l'enfance, jeunesse et solidarités, Jean-Luc Bigaré, représentant le Crédit Mutuel Solidaire, et Gérard Faurie, directeur du Crédit Mutuel de Changé, ont signé le 14 septembre une convention permettant de mettre en place le microcrédit personnel.

Olivier Richefou, maire de Changé.

Jean-Luc Bigaré explique : "le microcrédit personnel est destiné à aider les gens en difficulté en leur proposant des prêts entre 500 € et 3 000 € au taux du Livret bleu en vigueur". Le microcrédit doit financer des projets de vie ou permettre de faire face à des urgences : emploi et mobilité (formation professionnelle, permis de conduire, moyen de locomotion...), logement (frais d'agence et caution, déménagement, etc.), équipement (électroménager, appareils de chauffage...). C'est le secrétariat du CCAS qui assure l'accompagnement social, à savoir le montage du dossier et la transmission au partenaire, la présence lors de la signature du crédit et le suivi budgétaire de l'emprunteur.

Source : Ouest-France

samedi 17 septembre 2011

Fonkoze et la microfinance en Haïti

Après de fortes pluies dans certaines régions d'Haïti, la compagnie de microfinance Fonkoze, a versé plus d’un million de dollars de dommages à ses 3.800 clients emprunteurs dans la cadre de son assurance contre les risques naturels majeurs (pour le développement de la microfinance à Haïti, lire également : "Clinton Bush Haiti Fund octroie 850.000 dollars pour Haïti").

Fonkoze : bâtir les fondations pour un démocratie en Haïti.

Les emprunteurs admissibles ont reçus des paiements en espèces de 125 dollars américains chacun, pour réparer leur maison et recapitaliser leur entreprises et leur prêt ont été remboursés pour eux, à travers leurs produits d'assurance Kore W.

Fonkoze et la compagnie de micro-assurance MICRO

Fonkoze a fondé la compagnie d'assurance MICRO (Microinsurance Catastrophe Risk Organization) pour offrir des micro-assurances à travers le monde. Ses polices d'assurances, combinent des options paramétriques et couvrent les risques de base, permettant d’offrir des produits rapides et flexibles qui peuvent être pris suivant les besoins spécifiques. Fonkoze paye la plupart des réclamations dans les 60 jours après un sinistre.

Grâce à plus de 15 années de travail dans ce contexte, Anne Hastings, PDG de Fonkoze à déclaré : "cela ne signifie rien d’aider nos clients à construire leurs actifs si ils n'ont aucun moyen de les protéger contre la perte soudaine suite à une catastrophe naturelle. Fonkoze offre déjà l'assurance-vie pour couvrir le décès d'un client, une cause fréquente de détresse financière pour les familles rurales où la maladie est fréquente et les soins de santé sont rares".

Les partenaires fondateurs de MICRO sont : Swiss Re, CaribRM (Caribbean Risk Managers Limited), GC Micro Risk Solutions SM et Fonkoze. Le Department for International Development (DFID - UK) et l'Agence Suisse pour le Développement et la Coopération (DDC) sont les bailleurs de fonds de cette assurance.

Source : Haitilibre.com

vendredi 16 septembre 2011

Le microcrédit et la fondation Aveyron Solidaire

Créée en 2009, à l'initiative du Secours Catholique, la fondation Aveyron Solidaire a pour but de venir en aide à ceux qui rencontre des difficultés de vie, souvent d'ordre financier. Les personnes qui font appel à la fondation sont dans la majeure partie des cas dans une situation extrême de pauvreté. C'est en partant de ce constat que les membres de la fondation ont mis sur pied un système de microcrédit social.

fondation aveyron solidaire
Bernard Deltort, président du comité de la fondation, explique : "nous avons sollicité des personnes aux revenus aisées, et nous les avons sensibilisés aux situations que nous rencontrions. Ceux-ci nous ont fait des dons". Le principe est simple. Les cas des personnes en difficultés sont, le plus souvent, transmis par les assistantes sociales. Un dossier est constitué, puis étudié par une commission au sein de la fondation. "Ce sont souvent des personnes en surendettement ou qui ont des difficultés bancaires".

82.527 euros octroyés en 18 mois

Lors du dernier exercice, 58 personnes ont pu bénéficier du microcrédit (0 %, pas de frais bancaires et souplesse dans les remboursements). "Nous privilégions trois dimensions : alerter les donateurs, les convaincre de donner, et impliquer et responsabiliser les bénéficiaires par leur assiduité à rembourser", explique un des membres de la fondation. Un système qui a eu énormément de succès, et qui oblige les membres de la fondation à trouver de nouveaux donateurs pour poursuivre leur œuvre. Au cours de l'année 2010 et jusqu'au 15 août 2011, 82.527 euros ont servi à financer les microcrédits octroyés par la fondation Aveyron Solidaire.

Source : Centre Presse

jeudi 15 septembre 2011

Fondation Grameen Crédit Agricole et social business

Jean-Luc Perron, délégué général de la Fondation Grameen Crédit agricole, a accordé au Monde un entretien dans lequel il s'explique sur cette fondation, liée au Prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus, et sur le fonds spécialisé "social business" dont le but est de financer des entreprises dans les pays en voie de développement. Le slogan de la fondation est d'ailleurs : "Au service des prêteurs d'espoir". Pour d'autres articles sur le social business, lire le cas de Grameen Veolia Water et l'avis de Yunus sur ce sujet.

Yunus Grameen Credit AgricoleMuhammad Yunus et René Casson, Président de Grameen Crédit Agricole.

Comment est née l'idée de cette fondation ?

La Fondation Grameen Crédit agricole a été créée en 2008 à l'initiative des dirigeants du groupe Crédit agricole et du Prix Nobel de la paix 2006, fondateur de la Grameen Bank, Muhammad Yunus. Elle a été dotée à sa création de 50 millions d'euros par le Crédit agricole, qui n'oublie pas qu'il a la microfinance dans ses gènes.

En effet, la première caisse locale créée dans le Jura en 1885, et qui a donné naissance à ce qu'est aujourd'hui le Crédit agricole, était, à petite échelle, basée sur une relation de confiance envers des gens qui n'avaient aucun accès au système bancaire. Aujourd'hui, on qualifierait certainement cette caisse d'initiative de microcrédit.

Nous sommes donc naturellement proches du professeur Yunus, qui affirme que les pauvres sont dignes de confiance et peuvent, si on leur en donne les moyens financiers, créer des micro-activités génératrices de revenus et ainsi contribuer à la solution du problème dont ils ont hérité : la pauvreté.

Fondation Grameen Credit AgricoleLogo de Grameen Crédit Agricole.

Quelles missions le Crédit agricole et Grameen vous ont-il confiées ?

A but non lucratif, la Fondation est chargée de recycler sa dotation initiale en finançant des IMF et en promouvant ce que Muhammad Yunus a nommé le "social business", c'est-à-dire un modèle d'entreprise durable, dont la vocation n'est pas d'enrichir ses investisseurs ou ses initiateurs, mais de s'attaquer aux problèmes sociaux, et en particulier la pauvreté. En ce sens, d'ailleurs, notre fondation est elle-même un "social business".

Nous souhaitons démontrer que l'on peut combiner un professionnalisme bancaire, une approche rigoureuse de gestion et un volontarisme à l'encontre de la plus grande pauvreté. Nous finançons en priorité des IMF qui soutiennent des projets portés par des femmes, en Afrique subsaharienne, et qui accordent des prêts en moyenne plus petits que ceux accordés par les IMF financés par les fonds d'investissement spécialisés en microfinance. Aujourd'hui, nous comptons, via ces IMF, 1,4 million d'emprunteurs actifs dont 92 % de femmes, 38 % en Afrique subsaharienne, devant l'Asie du Sud et du Sud-Est (29 %), et 76 % en zone rurale.

Contrairement à la plupart des organismes de financement des IMF, nous veillons à ne pas faire peser le risque de change sur les IMF partenaires. 93 % de nos opérations ne font porter aucun risque de change, nous avons par exemple été les premiers à faire des prêts en riels khmers au Cambodge ou en manats azerbaïdjanais.

Quelle sera la vocation du fonds "social business" que vous vous apprêtez à créer ?

Ce fonds répond à une mission inscrite dans le mandat de la fondation : celle de développer les entreprises de "social business". Plus récent et beaucoup moins développé que la microfinance, le « social business » n'obéit pas à un modèle reproductible de façon évidente. Chaque projet est un cas particulier qui demande un savoir-faire particulier (comme Danone avec la production de yaourts enrichis et aux prix très bas au Bangladesh) que nous ne possédons pas. Nous sommes donc dans une posture qui nous conduit à être des facilitateurs de projets.

Dans cette perspective, nous souhaitons rallier à cette cause des investisseurs socialement motivés dans le cadre d'un fonds innovant et attirer l'attention d'entreprises porteuses de projets dans lesquels nous pourrons investir en tant qu'actionnaire minoritaire.

Nous ferons appel à des investisseurs institutionnels ou privés, de la catégorie des high net worth individuals (individus à fort potentiel économique), qui aimeraient combiner esprit de solidarité et esprit d'entreprise, en développant des entreprises efficaces et rentables, mais dont la mesure du succès sera la création de valeur sociale pour les plus pauvres et non pas la création de valeur pour les actionnaires.

Jean-Luc Perron Grameen Credit AgricoleJean-Luc Perron, délégué général de la Fondation Grameen Crédit Agricole depuis 2008.

La réputation du microcrédit a pâti des suicides, survenus en Inde entre 1998 et 2010, de personnes pauvres surendettées car harcelées par les organismes de microcrédit. Comment se protéger contre ces dérives ?

Nous effectuons systématiquement une double analyse sur les IMF que nous finançons : une analyse financière d'une part et une analyse de la performance sociale d'autre part.

Pour ce deuxième volet, nous collaborons avec le bureau d'étude spécialisée français Cerise, qui a mis au point un outil de mesure de la performance sociale nommé SPI (social performance indicator). Nous faisons nous-mêmes, sur place, ce contrôle qui consiste à répondre à des questions telles que : cette IMF agit-elle conformément à sa mission sociale ? Quel est le montant moyen de ses crédits ? Quelles sont ses méthodes de recouvrement ?, etc.

Sur un plan plus général, nous luttons contre ces dérives en participant au forum de réflexion Convergences 2015, qui rassemble les principaux acteurs de la microfinance. Il a lancé, en mai, l'« Appel de Paris pour une microfinance responsable ». Cet appel les convie à s'accorder sur un corps de règles et de principes qui définiraient ce qu'est une microfinance responsable au service des plus pauvres.

mardi 13 septembre 2011

Régulation de la microfinance en Amérique latine

La journaliste Anne Rodier a publié dans Le Monde un article sur la situation de la microfinance en Amérique latine, qui, après un essor considérable dans les années 1990-2000, s'est parfois développée aux dépens des populations. En effet, la microfinance a peu à peu attiré des nouveaux investisseurs et bailleurs de fonds, publics et privés, plus préoccupés par la rentabilité de leur activité que par son utilité sociale. Lire à ce propos les tribunes de Muhammad Yunus au sujet de la "commercialisation" de la microfinance : "Muhammad Yunus et la crise de la microfinance" et "Muhammad Yunus, le microcrédit et les mégaprofits".

microfinance microcredit bolivieLa Paz en Bolivie.

Les exemples de la Bolivie, de l’Équateur et du Nicaragua

Au début des années 2000, les institutions boliviennes se sont livrées à une concurrence sauvage sans tenir compte de la capacité de remboursement des clients, en leur appliquant des taux d'intérêt parfois supérieurs à 50 %, ce qui a conduit à de graves situations de surendettement.

Dans une récente étude intitulée "Nouvelles gauches et inclusion financière : la microfinance contestée en Bolivie, en Equateur et au Nicaragua", Florent Bédécarrats, Johan Bastiaensen, maître de conférences à l'université d'Anvers, et François Doligez, agroéconomiste à l'Institut de recherches et d'applications des méthodes de dévelopement (IRAM), relatent que, face à ces dérives, la question de la reprise en main de la gouvernance de la microfinance par les pouvoirs publics s'est posée dans ces trois Etats, au nom de l'intérêt général. Après être passée des ONG aux investisseurs privés, la microfinance devrait-elle son salut au contrôle de l’État ?

Les gouvernements de gauche de ces pays ont tenté de garantir l'utilité sociale de la microfinance ou tout du moins de limiter les dérives de sa commercialisation. Mais "les résultats ont été très variables selon l'approche du problème et la nature des mesures adoptées".

microfinance microcredit nicaragua
Échec des États à réguler la microfinance ?

Selon l'étude, il existe deux freins à la saine régulation étatique de la microfinance commerciale :
  1. Des conflits entre les intérêts politiques et économiques ont mis à mal les efforts de régulation : "en Bolivie, en substituant à des cadres financiers jugés trop technocrates des personnalités plus partisanes mais moins expérimentées, l'instance de contrôle des entités financières a perdu en efficacité. Quant au Nicaragua, l'instrumentalisation clientéliste par le gouvernement des oppositions contre les institutions de microfinance n'a débouché sur aucune alternative concrète".
  2. L'impact de la microfinance sur le développement ne peut être assuré durablement que par des structures qui travaillent en toute transparence : "en ce sens, la loi d'économie populaire et solidaire qui vient d'être adoptée en Équateur ouvre peut-être la voie à un véritable renouvellement de gouvernance, en incitant à une meilleure implication des usagers dans la microfinance".
Conclusion : des expériences de ces trois États, il ressort que des instruments de mesure de l'utilité sociale seraient plus efficaces qu'une reprise en main du secteur par les pouvoirs publics.

jeudi 8 septembre 2011

Soutien au microcrédit en Loire-Atlantique

Le microcrédit continue de se développer en France : le Cercle de l'entrepreneuriat vient de se créer en Loire-Atlantique pour soutenir l'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie). Ouest-France a interrogé Hubert de Boisredon, PDG du groupe Armor et président du Cercle de l'entrepreneuriat populaire, pour connaître ses motivations.

Hubert de Boisredon ArmorHubert de Boisredon, PDG d'Armor et président du Cercle de l'entrepreneuriat.

Qu'est-ce que le Cercle de l'entrepreneuriat ?

Il a été créé à l'initiative de Maria Nowak, la fondatrice de l'Adie en France. L'Association pour le droit à l'initiative économique accorde des microcrédits à des personnes dans la précarité, qui veulent créer leur entreprise mais ont du mal à obtenir des crédits auprès des banques traditionnelles. Pour soutenir l'Adie, nous voulons mobiliser une trentaine d'entreprises de la région : chacune versera 2 000 € à l'Adie et participera à trois réunions annuelles. L'objectif est de susciter la rencontre entre le monde des PME et celui des micro-entrepreneurs. Plusieurs entreprises sont déjà engagées : la Société de Bourse Portzamparc, la Banque Populaire Atlantique ou encore Armor, la société que je dirige.

Pourquoi votre entreprise participe-t-elle à cette démarche ?

Elle est cohérente avec notre engagement dans le développement durable. Dans un environnement économique difficile, il faut agir pour que la situation s'améliore. Et à titre personnel, je trouve normal que des personnes en difficulté aient accès à la création d'entreprise.

Source : Ouest-France

Lire également

- Bilan de l'ADIE en 2010 pour le microcrédit
- Catherine Barbaroux, nouvelle présidente de l'ADIE

lundi 5 septembre 2011

Rapport Microfinance Peaux de banane 2011 : les mutations de la microfinance

Le rapport "Microfinance Peau de banane 2011 : l'enquête du CSFI sur les risques de la microfinance - la fin du conte de fée" vient d'être publié en français. Depuis 2008, l’enquête « "Peaux de banane" sur la microfinance décrit les risques auxquels est confrontée l’industrie de la microfinance selon un échantillon international de praticiens, d’investisseurs, de responsables de régulation et d’observateurs du secteur de la microfinance. L'enquête publiée en 2011 a été réalisée en novembre et en décembre 2010 et ses conclusions sont fondées sur 533 réponses provenant de 86 pays et d’institutions multinationales.

microfinance peaux de banane 2011
Le risque lié au crédit est la menace la plus sévère

Le rapport a été commandé par Citi Microfinance et le Groupe Consultatif d’Assistance aux Pauvres (CGAP). La conclusion essentielle de l’enquête est que le risque lié au crédit constitue la menace la plus sévère pour le secteur durant cette période turbulente. L’intensification des inquiétudes concernant le risque menaçant la réputation de la microfinance (qui passe du 17e rang au 2e rang) reflète directement l’opinion selon laquelle les LienIMF se sont exposées elles-mêmes au risque lié au crédit en raison de leurs pratiques agressives du crédit et de leur stratégie de croissance.

Les différences les plus importantes en 2010 par rapport à 2009 :

En hausse
- La réputation : la bonne réputation de la microfinance est de plus en plus menacée
- La concurrence : elle menace le chiffre d’affaires et mine les normes déontologiques
- La gouvernance des institutions : elle montre des signes de faiblesse durant la crise
- L’ingérence politique : les autorités réagissent aux pratiques de prêt des IMF
- La réglementation inappropriée : l’absence d’un environnement salutaire pour les IMF

En baisse
- Le risque macroéconomique : moins d’inquiétudes au sujet de la crise mondiale
- Liquidité : le manque de liquidité est moins sévère
- L’insuffisance du financement : les investisseurs reviennent sur le marché
- Le risque de change : la « guerre des devises » n’est plus un souci majeur
- Les taux d'intérêt : ils sont plus faibles et moins volatils

Un rapport qui témoigne des mutations de la microfinance

Andrew Hilton CSFIAndrew Hilton, directeur du Centre for the Study of Financial Innovation (CSFI).

Ce rapport a été salué par à la fois par le Centre for Study of Financial Innovation, Citi Microfinance et le Groupe Conseultatif d'Assistance aux Pauvres pour le tournant qu'il indique dans la perception de la microfinance par ses acteurs. La crise économique a montré que la microfinance n'était pas un remède infaillible à la pauvreté. Un palier a donc été franchi. Pour le CSFI, c'est "la fin du conte de fée".

Andrew Hilton, Directeur du Centre for the Study of Financial Innovation (CSFI) : "j’estime qu’il s’agit, et de loin, de la plus intéressante et de la plus importante enquête de la série. La raison est simple : jusqu'à une époque très récente, c’est tout juste si l’on entendait un murmure à l’encontre de la microfinance. La microfinance était considérée, par les gouvernements, les universitaires et, de plus en plus, par le grand public, comme un bienfait public parfait en tout point, et son image publique la plus connue, le Dr Mohammed Yunus, fondateur de la Banque Grameen, avait fort justement vu le Prix Nobel récompenser son œuvre. Le seul problème était un problème d’échelle. Comment l’approche « ascendante » de la microfinance (qui s’appuie sur l’octroi de prêts minuscules aux pauvres vivant dans de petits villages ou de petits quartiers) pouvait-elle être reproduite à une échelle suffisante pour aboutir à une réduction significative du problème mondial de la pauvreté ?"

Robert Annibale, Directeur mondial de Citi Microfinance, et Tilman Ehrbeck, PDG du Groupe Consultatif d’Assistance aux Pauvres (CGAP), soulignent également l'importance de ce rapport : "la troisième édition du rapport sur les Peaux de banane de la microfinance reflète la mutation de la perception des risques dans une industrie marquée par le dynamisme et la rapidité d’évolution. Le rapport de cette année indique que la microfinance a mûri et que cette nouvelle phase a suscité de nouvelles questions. Dans un nombre croissant de marchés, la rapidité de son rythme de croissance et d’expansion signifie que la microfinance doit désormais faire face aux pressions observées dans d’autres secteurs, et qui sont induites par la concurrence, les cycles du crédit et la consolidation".

Lire le rapport "Microfinance Peaux de Banane 2011" (clic droit et ouvrir dans un nouvel onglet).

vendredi 2 septembre 2011

Commerce équitable breton pour le microcrédit en Afrique

Émile Diop, Sénégalais arrivé à Saint-Brieuc en 1994 a eu l'idée de faire découvrir les plantes africaines aux vertus médicinales peu connues en France. En créant son auto-entreprise, Ker-Diop, son objectif était de promouvoir le travail des femmes africaines, en développant l'économie rurale. Cette activité lui permet également de développer une activité de microcrédit pour les femmes au Sénégal et au Burkina Fasso.

Emile Diop et son équipe de bénévoles.

Commerce équitable et solidaire pour l'Afrique

Emile Diop explique: "j'achète la matière première 10 % de plus que son prix local au Sénégal et au Burkina Faso, sans le moindre intermédiaire, et 10 % des bénéfices enregistrés retournent sous forme de microcrédit aux coopératives et groupements de femmes, sans le moindre intérêt".

Le 29 août, Émile Diop et ses amis bénévoles ont acheminé 4 tonnes d'hibiscus dans un dépôt d'Hénanbihen, dans les Côtes-d'Armor. Cette plante est utilisée en Afrique en décoction chaude ou froide. Très prisé pour ses vertus médicinales, le bissap est une boisson riche en acide ascorbique, en antioxydant et en calcium.

Le jus de bissap est fabriqué à la ferme des Landes, à Saint-Cast-le-Guildo. Ainsi, il engendre directement plus de 30 commerces de la région. Ces 4 tonnes d'hibiscus généreront 300.000 bouteilles de bissap. Les bénéfices permettent alors de développer le microcrédit : "j'ai passé un contrat avec les femmes, là-bas. La seule condition pour le microcrédit est l'inscription de leurs enfants dans les écoles que nous avons réhabilitées".

Source : Ouest-France