Dans un entretien publié sur La Tribune, Muhammad Yunus, fondateur de la Grameen Bank, revient sur le Global Social Business Summit organisé à Vienne, du 9 au 12 novembre, et qui a réuni 500 entrepreneurs, financiers, représentants d'institutions gouvernementales, universitaires, étudiants, venus de 56 pays, autour du social business. Muhammad Yunus prône la création d'un G25 avec un pays pauvre représentant chaque continent, et un fonds international de social business.
Muhammad Yunus, promoteur international du social business.
Pourquoi ce think tank est-il intervenu une semaine après le G20 ?
Pour le G20, j'avais fait deux propositions, reprises par Nicolas Sarkozy. La première voulait que le G20 intègre le social dans ses discussions. La globalisation a un impact direct sur la vie quotidienne. On ne peut séparer l'économie du social. Ma deuxième proposition vise à la transformation du G20 en un G25 dans lequel, pour chaque continent, un pays pauvre siégerait à part entière. Car, si les nations les plus démunies ne sont pas invitées à la table des discussions, elles ne sont pas prises en considération. L'équilibre de la planète en dépend. Le président Sarkozy y est favorable. Nous sommes déjà en discussion avec le président Felipe Calderon pour le prochain G20 qui aura lieu à Mexico en juin 2012.
Que pensez-vous de la taxe sur les transactions financières ?
Elle est totalement légitime ; reste à savoir pour quelle utilisation. À son origine, la taxe Tobin était destinée à combattre la pauvreté, on a perdu de vue cet objectif. Ma proposition est de créer un fonds international de social business qui, parallèlement au FMI, sera destiné à trouver des solutions aux problèmes sociaux de pauvreté et de chômage. Géré comme une institution internationale, avec des correspondants locaux, en toute transparence, ce fonds ouvert à tous serait, sur le principe du microcrédit, destiné à financer des projets d'entreprises, en particulier ceux des jeunes. Pour lutter contre la pauvreté, ressortir les recettes du passé, en donnant des subventions à tel ou tel pays, ne donne pas des résultats probants. Il faut soutenir les initiatives individuelles. Il est urgent de mettre en place cette institution pour démontrer par des exemples concrets que le microcrédit à grande échelle est efficace. J'espère qu'on parviendra à créer ce fonds d'ici le prochain G20. Mais il faut bousculer les agendas.
Qu'attendez-vous de la France ?
Depuis que j'ai créé le social business, avec des groupes français, comme Danone, au premier chef, mais aussi Veolia, Schneider Electric, Crédit Agricole, à leur initiative, nous avons développé des activités pour combattre la pauvreté au Bangladesh. Sur le plan politique, Nicolas Sarkozy m'a apporté son soutien. HEC a créé la première chaire de social business. La France peut jouer un rôle moteur dans la création d'une civilisation plus solidaire.
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