mardi 26 avril 2011

Muhammd Yunus n'a pas détourné l'argent de la Grameen Bank


Selon le ministre bangladais des Finances, le Prix Nobel de la paix bangladais Muhammad Yunus, fondateur de la Grameen Bank, a été lavé du soupçon d'avoir détourné l'argent donné par la Norvège à la banque de microcrédit qu'il avait fondée.

Pas de détournement de fonds

En décembre 2010, un documentaire norvégien accusait Muhammed Yunus d'avoir détourné 96 millions de dollars d'aide à la Grameen Bank afin d'alimenter d'autres branches du groupe Grameen. M. Yunus, 70 ans, a été reconnu innocent par la Norvège mais le premier ministre du Bangladesh, Mme Cheikh Hasina, l'a ensuite accusé de " sucer le sang des pauvres ". La commission d'enquête nommée par le gouvernement bangladais n'a trouvé aucune preuve concernant un éventuel détournement de fonds, ni sur les accusations selon lesquelles la Grameen Bank aurait fait payer des taux d'intérêt excessifs aux emprunteurs pauvres. M. Yunus avait été démis de son poste de directeur général à la Grameen Bank


La Grameen Bank, un énorme conglomérat

L'enquête révèle toutefois une "large tendance à bafouer les lois et réglementations dans la gestion de la banque". D'après le responsable de l'enquête, A.K. Monowar Uddin Ahmed, "il y a besoin d'un nouveau cadre juridique" pour réguler la banque et ses nombreuses entreprises affiliées œuvrant dans le social, parfois dans le cadre de lucratives coentreprises étrangères."La Grameen Bank est maintenant le genre d'énorme conglomérat que l'on voit en Corée du Sud ou au Japon", a-t-il ajouté.

La Grameen Bank jouit d'une énorme influence au Bangladesh où le groupe dispose aujourd'hui d'activités associées dans l'énergie solaire, la téléphonie mobile et l'agroalimentaire. Mais selon l'enquête, cette expansion est en inadéquation avec les règles originelles de la Grameen Bank. Elle a violé à maintes reprises ses propres réglementations, selon le rapport de l'enquête dont l'AFP a obtenu copie.

Lire également

- Muhammad Yunus, le microcrédit et les mégaprofits
- Muhammad Yunus licencié de la Grameen Bank
- L'affaire Muhammad Yunus - Bangladesh

vendredi 22 avril 2011

La microfinance au Pérou

Terra Femina a publié un article sur la microfinance au Pérou, dont le développement depuis les années 1980 a amplement participé au boom économique que connaît actuellement le pays. D'après MIX Market, en 2009, 3 millions de Péruviens empruntaient un total de 5,4 milliards de dollars, pour un prêt moyen de 1.271 dollars.


Le Pérou, un pays de microfinance

Comme la Bolivie, le Pérou est un pays de microfinance. Aujourd’hui, il existe plus de 4 millions de microentrepreneurs au Pérou, et 70% des personnes en âge de travailler le font dans une Petite et Moyenne Entreprise (PME). Terra Femina s'est penché sur le cas de deux institutions de microfinance (IMF) : l'ONG Promujer, dédiée aux femmes d'Amérique latine, et la Caja Municipale de Arequipa (Caisse Municipale d’Arequipa, ou CMAC).

Promujer

Promujer recherche surtout un développement complet des clientes. Naldi N. Delgado Cruz, directrice national de Promujer, explique : « Nous utilisons la microfinance comme un outil afin que les personnes sortent de leur condition de pauvreté, de leur condition d’exclusion. Mais notre objectif n’est pas de maximiser nos revenus, ou d’avoir les meilleurs indicateurs »

La Caja Municipale de Arequipa

La différence entre une Caja Municipale et une Banque de Microfinance ne se trouve pas dans le fonctionnement ni dans les produits, mais plutôt dans la façon dont les bénéfices sont réinvestis. Selon Jaime Elard Guzman Ramos, chef de produits à la CMAC, « l’argent généré par une banque est investi à Lima ou à l’étranger, cela dépend de la volonté des actionnaires. Tandis qu’avec les Cajas Municipales, cet argent est réinjecté dans l’économie locale ».

Pour en savoir plus

- Lire l'intégralité de l'article de Terre Femina ici
- Lire l'article "Le crédit collectif, une garantie et un soutien au Pérou"
- Données de Mix Market sur la microfinance au Pérou

jeudi 21 avril 2011

La microfinance en Ouzbekistan

Mix Market, la National Association of Microfinance Organizations and Credit Unions of Uzbekistan (NAMOCU) et le Programme de Développement des Nations Unies en Ouzbekistan ont publié en mars 2011 le rapport "Uzbekistan 2009 Microfinance Analysis & Benchmarking Report".

microfinance uzbekistan ouzbekistan
La microfinance se développe depuis la fin des années 1990

Le rapport explique le développement de la microfinance en Ouzbekistan depuis la fin des années 1990. A cette époque, le gouvernement a en effet décidé de mieux financer l'entrepreneuriat privé, les TPE et les PME, qui sont le moteur de toute économie. Dès 1998, des ONG internationales ont participé à cet essor mais leur présence en Ouzbekistan reste à ce jour limitée, notamment en comparaison des autres pays de l'Asie Centrale. Un fait que l'on doit sûrement imputé au gouvernement kleptocratique d'Islam Karimov, Président du pays depuis 1990 (avant de passer le pouvoir à sa fille Goulnara dans quelques années ?).

Au 1er janvier 2010, les services de microfinance sont fournis par 32 institutions de microfinance, 102 banques coopératives, ainsi que par la banque commerciale créé à la demande de l'Etat : la Mikrokreditbank. 35% des institutions de microfinance concentrent leurs activités dans la région de Taschent, en raison de l'attraction de la capitale Taschkent et de l'exode rural vers les centres urbains. Fin 2010, un nouveau programme de mesures de développement de la microfinance et du secteur financier non-bancaire pour la période 2011-2015 a été voté.

Un secteur encore limité

Pourtant, le marché de la microfinance ouzbek est le moins développé des pays d'Asie Centrale, à la fois en termes de taux de pénétrations et de nombre de clients. En 2009, les deux pays où la microfinance est le plus développée sont le Kirghizistan et le Tajikistan, comme on peut le voir sur le tableau ci-dessous (cliquez sur l'image pour l'agrandir) :

microfinance ouzbekistan asie centrale
Lisez le rapport complet sur Mix Market ici.

mercredi 20 avril 2011

La microfinance au Burkina Faso

La journaliste Véronique Narame a publié sur son blog un article sur l'expansion de la microfinance au Burkina Faso. Cet article est publié dans le magazine African Banker avril-juin 2011. Il se penche surtout sur le Réseau des Caisses populaires du Burkina (RCPB), créé en 1972 et chef de file de la microfinance au Burkina Faso.

Reseau caisses populaires Burkina Faso microfinance
Les offres variées du RCPB

Les offres du Réseau des Caisses populaires du Burkina (RCPB) s’adressent aux personnes qui ont difficilement accès aux services financiers conventionnels, mais qui souhaitent décider de leurs projets. Commerçants, agriculteurs, artisans, fonctionnaires et salariés du secteur privé, entrepreneurs, associations… les usagers des Caisses populaires constituent une épargne via des comptes de dépôts à vue et des dépôts à terme rémunérés.

Trois types de plan d’épargne leurs sont proposés : l’épargne nantie qui est utilisée comme garantie pour les prêts ; l’épargne volontaire qui permet aux membres d’accéder à une avance sur salaire et l’épargne à objectif destinée à divers projets (logement, soins de santé).

Différentes offres de crédits sont accessibles afin de financer des achats personnels ou communautaires, d’acquérir du matériel, du bétail, de financer des équipements, d’acheter des intrants… D’autres formules sont destinées aux femmes de milieu rural, et leur fournissent l’occasion d’exercer des activités génératrices de revenus. Elles se regroupent et constituent alors des Caisses villageoises.

Lire l'article intégral sur le blog de Véronique Narame.

Débat : la nouvelle finance au service de la société

Les 2 et 3 avril 2011, l'Université de la Terre a organisé un colloque sur le thème "Bâtir une nouvelle société". Un des 21 débats s'intitulaient "La nouvelle finance au service de la société". Parmi les sujet abordés : les banques solidaires, le financement éthique, la microfinance et les services de prêts et d'épargne en ligne...

Le débat était animé par Stanislas Dupré, directeur général du cabinet de conseil en développement durable Utopies et auteur de Que font-ils de notre argent ? (2010). Les intervenants étaient :
- Claude Alphandéry, défenseur de l'économie solidaire et Président d’honneur de France Active ;
- Jean-Louis Bancel, Président du Crédit Coopératif ;
- Jean-Christophe Capelli, fondateur de Friendsclear (Prêt entre épargnants) ;
- Jacques Généreux, économiste, actuellement membre du Parti de Gauche.
La vidéo intégrale du débat est disponible ici. Voici quelques extraits de leurs propos :

Jacques Généreux : "une nouvelle finance pour tous les financements"

La nouvelle finance ne peut pas être seulement ce qu'il y a de marginal aujourd'hui à côté de ce qui fait le financement des économies, des entreprises et des États. La nouvelle finance, c'est une nouvelle finance pour tous les financements, c'est une nouvelle finance de l'entreprise ordinaire, c'est une nouvelle finance internationale, c'est un nouveau mode de financement des besoins publics. Il ne peut pas y avoir une finance éthique d'un côté et une finance qui ne serait pas éthique ; des investissements socialement responsables et des investissements qui ne le seraient pas. Cela na aucune espèce de sens.

Claude Alphandéry : "Besoins nouveaux = financements nouveaux"

Il n'y a pas de financements nouveaux s'il n'y a pas ne face des besoins nouveaux. France Active est née pour aider les banques à reconsidérer leur approche sur ces petits porteurs de projets, individuels ou collectifs, pour sortir de la précarité ou pour satisfaire des besoins collectifs non satisfaits par le marché ou l’État. Nous avons pensé que nous pouvions le faire en donnant une nouvelle instruction sur ces projets : efficacité économique et aspect social, avec une garantie sur un risque partagé avec le banquier.

Jean-Christophe Capelli, fondateur de Friendsclear.

Jean-Christophe Capelli : "la finance participative par Internet"

Dans la banque et la finance, vieux métiers pourtant, l’innovation est faible. On a des porteurs de projets atypiques, ne rentrant pas forcément dans les filières bancaires classiques, de l’autre, des épargnants curieux. Nous avons créé un site de finance participative, Friendsclear : d’un côté, on a des entrepreneurs qui ont des projets, cherchant de petits montants (moins de 10 000 €), et de l’autre, de petits épargnants.

Jean Louis Bancel : "le theres is no alternative n'est pas vrai"

Le Crédit Coopératif a presque 120 ans et est banque coopérative et alternative. Je pense que le TINA (there is no alternative) n’est pas vrai, n’est pas juste. Pour preuve, le thème de notre rapport coopératif cette année est "L’avenir est entre nos mains". Nous sommes pionniers dans la finance de partage (le premier fond de partage avec le CCFD en Europe). Nous avons reversé 2,6 millions d’Euros en 2010 à des associations.

lundi 18 avril 2011

Fouad Abdelmoumni et la microfinance au Maghreb

Le quotidien El Watan a publié le 18 avril un entretien avec l'économiste marocain Fouad Abdelmoumni, chef de l'institution de microfinance Al Amana depuis sa fondation en 1997. Selon lui, la microfinance "n'est qu'un outil parmi une infinité d'autres qui doivent répondre aux besoins sociaux".

fouad abdelmoummi al amana microfinance maroc algerie

Il y a beaucoup de divergence d'opinions entre les experts sur le cadre adéquat pour développer la microfinance. Quel est votre avis ?

La tendance universelle a été que la création de la microfinance se développe beaucoup mieux dans des cadres spécialisés et que par la suite, le développement et la maturation de ces institutions exigent leur intégration dans le tissu financier national. A mon avis, la création se passe mieux avec des institutions dédiées mais très vite arrive un terme où leur intégration dans ou à côté des institutions classiques est nécessaire.

Les dispositifs de promotion de l'entrepreneuriat en Algérie sont financés par des banques commerciales. Pensez-vous que ce soit l'idéal ?

Je n'ai pas la prétention de connaître la situation exacte du tissu financier en Algérie, mais en partant de l'expérience internationale, je dirai que les révolutions mentales dans ce genre de structures ont été vécues à plusieurs reprises. Elles ont su évoluer mais très souvent, cette évolution exige aussi une grande ouverture sur le changement, sur l'innovation y compris l'innovation législative et institutionnelle et beaucoup de capacités de drainer le savoir-faire qui s'est développé ailleurs tout en exigeant qu'il soit fortement adapté au contexte local.

Pensez-vous que la microfinance soit la meilleure réponse à la pauvreté et aux conditions socioéconomiques qui ont poussé les peuples arabes à la révolte ?

La microfinance ne peut pas et ne doit pas prétendre être une réponse. Elle n'est qu'un outil parmi une infinité d'autres qui doivent répondre aux besoins sociaux. Le risque qu'il y a avec la microfinance c'est que dans beaucoup de pays elle a été utilisée pour dissimuler le retrait de l'État de ses responsabilités sociales et pour les problèmes de pauvreté et d'exclusion. L'idée était avant tout de faire du microcrédit en considérant qu'il répond à tous les besoins, ce qui est un mensonge grossier. A mon avis, il est erroné de condamner un outil parce qu'il ne répond pas à tous les problèmes, mais il est criminel aussi de prétendre que de l'aspirine va répondre aux besoins d'un corps grandement malade.

Pour en savoir plus sur la microfinance au Maghreb

Entretien vidéo de Fouad Abdelmoummi qui aborde, le temps de quatre questions, les a priori réticents à la création d'une association de microfinance au Maroc, le rôle complémentaire de celui des banques locales joué par Al Amana, le soutien des bailleurs de fonds ou les impacts tangibles de l'accès au microcrédit dans le pays.

vendredi 15 avril 2011

Sénégal : le plafond d’usure à 27% doit être revu à la baisse

Lors d'un panel sur la microfinance organisé par la Direction de la Microfinance et le cabinet Access Finance Gestion, le 25 février à l'Université Dakar Bourguiba (UDB) au Sénégal, des experts se sont étonnées des taux d'intérêts pratiqués par les systèmes décentralisés. Selon ces experts, les réflexions doivent être menées en vue de revoir le plafond d’usure et permettre aux couches vulnérables de tirer meilleur profit de la microfinance.


Intervenant dans le débat, le professeur Sakhir Thiam s’est étonné de constater que les clients payent les taxes en plus des taux d’intérêt. Un paradoxe dont les explications sont situées par le directeur de l’Unité de formation et recherche de l’Université de Dakar-Bourguiba, Makhtar Sakho, dans le cadre réglementaire et législatif qui régit le secteur financier.

Ce cadre autorise les institutions de microfinance à faire des prêts avec un taux d’intérêt effectif global qui peut aller jusqu’à 27%. « Ce plafond d’usure de 27% mérite une réflexion en rapport avec les capacités de remboursement de la clientèle et les taux d’inflation constatés dans l’espace de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et doit pousser à une réflexion sur le différentiel entre le plafond d’usure et le taux d’inflation ». Même si, reconnaît-il, les systèmes financiers décentralisés supportent des coûts de collecte de la ressource et des charges inhérents à l’exploitation. Toutefois le Dr Sakho s’est refusé d’aller vite en besogne, « on ne peut pas dire que les systèmes financiers ne font pas le travail ou n’ont pas lutté contre la vulnérabilité ou la pauvreté, sachant qu’historiquement, ils ont été mis en place pour lutter contre l’usure ».

Cependant, le panéliste a jugé le taux d’usure « prohibitif » et méritant une réflexion approfondie. Par ailleurs, pour Ibrahima Thiaré, enseignant à l’UDB et spécialiste de la microfinance, « il est difficile de dire que les institutions de microfinance ont atteint leurs objectifs sociaux et économiques. Le souci de l’efficacité et la recherche de gros profits ont finalement fait oublier les objectifs sociaux ».

Note :

La Direction de la Microfinance (DMF) a été créée en 2003 avec pour mission de promouvoir et développer le secteur de la microfinance au Sénégal. Ce qui traduit l’engagement de l’Etat à mettre en place un cadre concret d’appui à la stratégie de promotion des micro et petites entreprises, de réduction de la pauvreté et de promotion du développement économique et social.

Source : Sud Quotidien