mercredi 14 décembre 2011

Pour une redéfinition de la microfinance en Tunisie

Des représentants des associations de développement estiment que l'application du décret-loi, régissant l'activité des institutions de microfinance du 5 novembre 2011, conduira à la disparition des associations de développement à but non lucratif, tout en profitant aux organismes de financement à but lucratif.

microfinance tunisie

Un décret non adapté à la réalité du pays

Un séminaire régional a été organisé à Tunis par la Fédération tunisienne de développement et des microcrédits, auquel ont pris part les associations de développement dans les gouvernorats du Grand-Tunis, Bizerte, Zaghouan et Nabeul. Les participants ont considéré que ce décret-loi est "une solution importée de l'étranger et que son application en Tunisie n'est pas adaptée à la réalité du pays". En effet, ce décret-loi permet aux privés de créer des sociétés de microcrédit d'un capital de 3 millions de dinars, alors que le capital des associations de développement ne dépasse pas 200.000 dinars.

Disparition de 288 associations de développement ?

Pour les représentants des associations, ce décret-loi causera la disparition de 288 associations de développement en Tunisie, dont nombre d'entre elles opèrent dans des zones où aucune association à but lucratif ne prend le risque de travailler. 1.200 cadres et employés dans ces associations pourront, alors, perdre leurs emplois.

Le président de la Fédération tunisienne du développement et des microcrédits, Salah Dhibia a appelé les représentants des associations à adhérer à la fédération pour constituer un front commun, face aux risques qui se présentent .

Aujourd'hui, les associations de développement en Tunisie sont accusées d'absence de transparence et d'objectivité dans le traitement des demandes des crédits des citoyens, surtout que les prêts étaient octroyés, auparavant, aux personnes proches de l'ancien régime. Elles sont, aussi, accusées de mauvaise gestion et d'abus du pouvoir.

mardi 13 décembre 2011

Sénégal : taux de pénétration de 12,13% pour la microfinance

Selon les propos de Dame Gaye, directeur de cabinet du ministre de l'Entreprenariat et de la Microfinance, tenus le 8 décembre lors d'un atelier initié par le Fonds d'impulsion à la microfinance au profit des Systèmes financiers décentralisés (SFD), le secteur de la microfinance a connu ces dernières années une nette évolution avec un taux de pénétration de 12,13%.

Seynabou Ly Mbacké Senegal microfinance
Seynabou Ly Mbacké, ministre de l'Entreprenariat et de la Microfinance

405.000 emprunteurs actifs

Saluant les "résultats relativement intéressants" enregistrés par le secteur de la microfinance, Dame Gaye a indiqué qu'à la date du 30 juin 2011, le montant des crédits alloués est de 177,55 milliards de francs CFA, soit 405.000 emprunteurs actifs. Les dépôts sont évalués à 151,46 milliards de francs CFA pour 1.197.000 épargnants. Selon Gaye, la microfinance évolue dans "un cadre harmonisé" avec quatre axes stratégiques majeurs parmi lesquels "un plan d'action réactualisé" et le "soutien dynamique des partenaires techniques et financiers".

Ce qui explique les bonnes performances du secteur et l'engagement du Fonds d'impulsion à la microfinance qui, en partenariat avec la Fédération sénégalaise des sociétés d'assurance (Fssa), Pool micro-assurance santé (Pmas) et du Centre de développement et de recherche (Cidr) cherche à contribuer au développement des services de micro-assurance dans le secteur au Sénégal.

Formation à la micro-assurance

Selon le secrétaire général de la Fssa, Vadiourou Diallo, une formation en micro-assurance est nécessaire car le contexte est marqué par "une précarité des conditions de vie des populations défavorisées", avec, notamment, les difficultés d'accès aux soins et le risque financier lié à la maladie, entre autres.

D'où l'importance de l'atelier de deux jours (8 et 9 décembre), qui a eu pour ambition ambition de mettre à la disposition des décideurs, responsables et gérants de systèmes financiers décentralisés, les mécanismes de mise en place de micro-assurance en vue de contribuer à leur viabilité institutionnelle, financière et sociale.

Lire également :

- Microfinance islamique au Sénégal
- Sénégal : 20 millions FCFA pour l'entrepreneuriat féminin

lundi 12 décembre 2011

100.000 microprêts pour l'Adie !

L'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie) vient de franchir le cap des 100.000 prêts ! Ce prêt de 3.500 euros a été octroyé à Létitia Gherhes, 34 ans, qui s'en est servi pour ouvrir un cabinet d'accompagnement santé-beauté pour les personnes fragiles à Montreuil. Elle explique : "avec l'Adie, j'ai trouvé une vraie aide et, au-delà du microcrédit, un accueil humain et une écoute. Aujourd'hui encore, ils me prodiguent des conseils très utiles sur la gestion de mon activité".

adie microcredit

Une baisse de l'activité de microcrédit depuis 2009

Ce 100.000ème microcrédit constitue un cap très symbolique pour les 450 salariés et 1700 bénévoles de l'Adie. Et, espèrent-ils, un retournement de tendance. Catherine Barbaroux, présidente de l'Adie, rappelle que "jusqu'en 2009, l'Adie avait connu une croissance forte et régulière du nombre de prêts. Mais cette activité s'est accompagnée d'une élévation du niveau de risque et, progressivement, le taux d'impayés a dérapé, passant de 6 à 9 %".

L'an dernier, l'Adie a décidé de réduire la voilure, en diminuant le nombre de prêts. Une première dans l'histoire de l'association. "Nous avons aussi revu nos méthodes de travail, en renforçant notre mission d'accompagnement, en nous donnant plus de temps pour instruire les dossiers et en renforçant nos liens avec nos partenaires naturels, comme Pôle emploi ou les missions locales", souligne Catherine Barbaroux. Cependant, depuis septembre, l'activité est repartie à la hausse.

Lire également:
- La Semaine du Microcrédit de l'Adie du 6 au 10 février 2012
- Le microcrédit en France par Catherine Barbaroux (Adie)
- Catherine Barbaroux, nouvelle présidente de l'ADIE

vendredi 9 décembre 2011

Un manifeste contre l'exclusion bancaire

Le Secours Catholique, la Croix-Rouge et l'Union nationale des centres communaux d'action sociale (Uncass) ont publié le 7 décembre un Manifeste pour l'inclusion bancaire des populations fragiles, afin de lutter contre l'exclusion sociale.

manifeste inclusion bancaire

5 à 6 millions de Français concernés

François Soulage, président du Secours Catholique, observe : "avec près de 99% de la population française ayant un compte bancaire, il est tentant de penser que l'exclusion bancaire est presque éradiquée du territoire. Or la réalité est tout autre". Si l'exclusion bancaire touche en premier lieu les précaires, elle fait aussi des ravages chez les ménages des classes moyennes, malendettés ou fragilisés par des accidents de la vie. Soit 5 à 6 millions de Français.

Le manifeste préconise donc d'endiguer ce phénomène en "renforçant l'accompagnement" des plus pauvres dans la gestion de leur budget, en luttant contre "l'illettrisme de l'argent" ou en favorisant le microcrédit. Le texte appelle aussi à voter une loi d'orientation qui reprendrait ces propositions afin de pallier le "manque d'efficience des politiques publiques" et inciterait les banques à "améliorer leurs pratiques". Il demande notamment la création d'un "fichier positif" et d'une "certification" délivrée par un institut public, financé par le Fonds de cohésion sociale.

jeudi 8 décembre 2011

La microfinance progresse en France mais des progrès restent à faire

Selon le rapport annuel de l'Observatoire de la microfinance publié le 8 décembre, le microcrédit a continué de se développer en France en 2010 mais des progrès restent encore à faire. Les microcrédits personnels, qui financent des projets d'insertion professionnelle ou sociale, ont augmenté de 43% sur un an, après une hausse de 55% en 2009. Le nombre de nouveaux prêts distribués en 2010 s'élève à 7.884, ce qui porte le nombre de microcrédits de ce type depuis 2005 à 19.403, pour un encours total de 43,4 millions d'euros. Cela équivaut à un montant moyen par prêt de 2.237 euros.

Selon une étude d'impact réalisée par la Fédération nationale des Caisses d’Épargne auprès de 807 emprunteurs, citée dans le rapport, trois quarts des emprunteurs ont vu leur situation s'améliorer grâce au recours au microcrédit personnel et la moitié des emprunteurs au chômage à l'origine ont trouvé un emploi.

Concernant le microcrédit professionnel, dont l'objet est de financer la création, le rachat ou la consolidation d'une petite entreprise permettant à son dirigeant de créer ou conforter son emploi, le montant global de prêts atteint 86,6 millions d'euros en 2010. Une progression de 22% sur un an, alors même que le nombre de garanties a chuté de 24% sur cette période.

Ces chiffres recensent les microcrédits garantis par le Fonds de cohésion sociale, géré par la Caisse des dépôts, et ne couvrent pas la totalité des microcrédits distribués.

mardi 6 décembre 2011

Babyloan : levée de fonds d'un million d'euros

Le Crédit municipal de Paris, deux caisses régionales du Crédit agricole, le fonds Equisol et la fondation AlphaOmega, créée par Maurice Tchenio (Apax Partners), sont les nouveaux partenaires de l'entreprise solidaire Babyloan, qui vient de boucler une levée de fonds de près de 1 million d'euros. La BRED, la banque Neuflize OBC et le Crédit coopératif, actionnaires d'origine, ont aussi renforcé leur participation au capital de cette société spécialisée dans le microcrédit, forte aujourd'hui de 12.500 membres et de plus de 7.000 projets financés dans une dizaine de pays.

babyloan microcredit solidaire
Babyloan : les petits prêts font les grandes histoires.

Babyloan en quelques chiffres

- Plus de 2,6 millions d'euros de prêts solidaires réalisés
- 12 700 membres ont soutenu plus de 7 500 micro-entrepreneurs
- 100% des prêts sont remboursés
- 11 pays d'action : Vietnam, Cambodge, Philippines, Tadjikistan, Bénin, Togo, Équateur, Pérou, Nicaragua, Gaza/Cisjordanie et la France.
- 2ème plateforme mondiale de micro-prêts solidaires

Lire également :

- Babyloan fête ses trois ans de service pour le microcrédit
- Interview d'Arnaud Poissonnier sur Babyloan et le microcrédit
- Arnaud Poissonnier et le microcrédit en Tunisie

lundi 5 décembre 2011

Aung San Suu Kyi, Hillary Clinton et la microfinance

Le 2 décembre, la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a rencontré l'opposante birmane Aung San Suu Kyi, à Rangoun. Celle-ci s'est montrée optimiste en espérant que la démocratie finirait par arriver dans son pays. Hillary Clinton a embrassé la lauréate du prix Nobel de la paix sur les deux joues en arrivant dans cette bâtisse délabrée de Rangoun. Une scène inimaginable l'an dernier, lorsque la "Dame" de Rangoun était toujours en résidence surveillée. Aung San Suu Kyi a apporté son soutien à la première visite "historique" d'un chef de la diplomatie américaine dans son pays depuis plus de cinquante ans et à la rencontre de Mme Clinton avec les nouveaux dirigeants du régime "civil".

Hillary Clinton Aung San Suu Kyi
Hillary Clinton et Aung San Suu Kyi à Rangoun.

1,2 million de dollars d'aide américaine à la Birmanie

À la fin de sa visite, Hillary Clinton a annoncé une aide de 1,2 million de dollars pour soutenir le microcrédit, les soins de santé et les victimes des mines. Elle a en revanche insisté sur le fait que la Birmanie devrait faire plus pour voir lever les sanctions économiques. Autre signe de l'adoucissement de la ligne américaine, elle s'éloigne de l'idée d'une enquête de l'Onu sur les violations des droits de l'Homme, voulant laisser une chance aux dirigeants de déterminer les responsabilités eux-mêmes.