Le Figaro a consacré aujourd'hui une page entière sur la situation troublée de la microfinance (licenciement de Muhammad Yunus de la Grameen Bank, surendettements en Inde, remise en cause des IMF cotés en bourse). Dans une interview, Arnaud Ventura, cofondateur et vice-Président de PlaNet Finance, donne son point de vue sur ce "discrédit" de la microfinance.
Comment expliquer le discrédit du microcrédit ?La violence des réactions est à la hauteur des espoirs déçus. La microfinance a été portée aux nues pendant dix ans, présentée comme une recette miracle. C'était excessif et forcément incomplet. La microfinance ne représente qu'un portefeuille de 65 milliards de dollars, contre 100 milliards d'aide au développement. Par ailleurs, il y a, comme dans toutes les industries, des échecs et parfois des abus.
Que pensez-vous des accusations contre Yunus ?Les autorités du Bangladesh voient Yunus comme une menace politique depuis plusieurs années déjà. Elles ont profité de la campagne générale de dénigrement du microcrédit pour l'évincer de sa banque. J'ai été surpris de la brutalité de la manœuvre. À ce stade, il faudrait une pression internationale très forte pour que le Bangladesh revienne sur sa décision.
La vague de suicides en Inde n'est-elle pas problématique ?Il faut relativiser. Dans les campagnes indiennes, il y a malheureusement 15 000 suicides par an depuis des années ! Les suicides en Inde existaient bien avant la microfinance. Moins de 2 % des personnes qui se suicident le font pour des problèmes de surendettement. L'Inde est un très grand pays. Les problèmes existent principalement dans l'Andra Pradesh...
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