Le quotidien El Watan a publié le 18 avril un entretien avec l'économiste marocain Fouad Abdelmoumni, chef de l'institution de microfinance Al Amana depuis sa fondation en 1997. Selon lui, la microfinance "n'est qu'un outil parmi une infinité d'autres qui doivent répondre aux besoins sociaux".
Il y a beaucoup de divergence d'opinions entre les experts sur le cadre adéquat pour développer la microfinance. Quel est votre avis ?
La tendance universelle a été que la création de la microfinance se développe beaucoup mieux dans des cadres spécialisés et que par la suite, le développement et la maturation de ces institutions exigent leur intégration dans le tissu financier national. A mon avis, la création se passe mieux avec des institutions dédiées mais très vite arrive un terme où leur intégration dans ou à côté des institutions classiques est nécessaire.
Les dispositifs de promotion de l'entrepreneuriat en Algérie sont financés par des banques commerciales. Pensez-vous que ce soit l'idéal ?
Je n'ai pas la prétention de connaître la situation exacte du tissu financier en Algérie, mais en partant de l'expérience internationale, je dirai que les révolutions mentales dans ce genre de structures ont été vécues à plusieurs reprises. Elles ont su évoluer mais très souvent, cette évolution exige aussi une grande ouverture sur le changement, sur l'innovation y compris l'innovation législative et institutionnelle et beaucoup de capacités de drainer le savoir-faire qui s'est développé ailleurs tout en exigeant qu'il soit fortement adapté au contexte local.
Pensez-vous que la microfinance soit la meilleure réponse à la pauvreté et aux conditions socioéconomiques qui ont poussé les peuples arabes à la révolte ?
La microfinance ne peut pas et ne doit pas prétendre être une réponse. Elle n'est qu'un outil parmi une infinité d'autres qui doivent répondre aux besoins sociaux. Le risque qu'il y a avec la microfinance c'est que dans beaucoup de pays elle a été utilisée pour dissimuler le retrait de l'État de ses responsabilités sociales et pour les problèmes de pauvreté et d'exclusion. L'idée était avant tout de faire du microcrédit en considérant qu'il répond à tous les besoins, ce qui est un mensonge grossier. A mon avis, il est erroné de condamner un outil parce qu'il ne répond pas à tous les problèmes, mais il est criminel aussi de prétendre que de l'aspirine va répondre aux besoins d'un corps grandement malade.
Entretien vidéo de Fouad Abdelmoummi qui aborde, le temps de quatre questions, les a priori réticents à la création d'une association de microfinance au Maroc, le rôle complémentaire de celui des banques locales joué par Al Amana, le soutien des bailleurs de fonds ou les impacts tangibles de l'accès au microcrédit dans le pays.
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