En prévision de la septième édition de la Semaine du microcrédit organisée du 7 au 11 juin par l'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie), La Tribune a interrogé Catherine Barbaroux, présidente de l'Adie depuis le 16 mars dernier. Elle y explique les missions de l'Adie, le développement de la microfinance en France et les taux d'intérêt des microcrédits.
Nous cherchons à financer mais aussi à accompagner des micro-entrepreneurs qui n'ont pas accès au crédit bancaire et plus particulièrement les chômeurs et les allocataires de minima sociaux. En termes de temps de survie des entreprises crées, nous arrivons à des résultats proches de la moyenne nationale avec en 2010 un taux de pérennité de 68 % sur deux ans et de 59 % sur trois ans. Mais ce qui est intéressant c'est le taux d'insertion des personnes financées par l'Adie qui s'élève à 79 %. Même si un projet périclite, cela reste une expérience positive et valorisable ensuite dans le monde du travail. En outre, certaines personnes se disent que, quitte à vivre une situation de précarité, autant qu'elle ne soit pas subie.
Qu'apporte le système de la microfinance dans les pays développés ?
Je pense que notre action est une réponse à la polarisation des inégalités en France. En effet, chaque année on constate qu'un nombre croissant d'individus se retrouve dans des situations d'extrême pauvreté. Dans le système économique actuel, il y a une proportion non négligeable de personnes défavorisées qui ne pourraient pas réussir à démarrer une activité.
Le système du microcrédit est pourtant souvent taxé de pratiquer des taux d'intérêt élevé, quel est votre sentiment sur cette question ?
Il faut bien comprendre que nous proposons avant tout un crédit ce qui n'a, bien sur, rien à voir avec un don. Je pense que pour satisfaire l'objectif de réinsertion qui est le nôtre, nous devons avoir des pratiques proches de celles des établissements bancaires classiques. Concrètement, pour un prêt de 2.900 euros sur 18 mois, les souscripteurs rembourseront environ 320 euros en plus du principal, ce qui donne un taux d'intérêt bien inférieur au taux d'usure.
Ce taux reste malgré tout relativement élevé...
J'ai le sentiment que 10 % est une barre psychologique de ce qu'on peut représenter comme la juste valeur entre le risque pris et ce qui reste acceptable dans l'idée de démarrer une activité. Nous ne voulons pas que le public ait l'impression que l'on gagne de l'argent sur le dos des personnes que nous aidons. D'autre part, au regard de la prestation fournie, il ne faut pas se contenter de raisonner en fonction du taux d'intérêt pratiqué. En plus d'être parmi les seuls en mesure de prêter à un public en situation difficile, les emprunteurs sont encadrés par des bénévoles, souvent des cadres supérieurs issus du secteur de la banque et de l'assurance, qui ont envie de partager leur expérience. Par ailleurs, notre association doit avoir un minimum de ressources propres pour être viable à long terme et ne pas dépendre uniquement de subventions publiques ou privées.
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