Au mois de juin 2009, le pape Benoît XVI a publié son encyclique Caritas in Veritate, dans laquelle il évoque à deux reprises le microcrédit et la microfinance. Dans son texte "Pourquoi Benoît XVI parle-t-il de la microfinance dans son encyclique Caritas in Veritate ?", Michel Lelart, directeur de recherche émérite au CNRS, Laboratoire d'économie d'Orléans, explique les raisons qui pousse Benoît XVI à vanter les mérites de la microfinance.
D’une part, la microfinance permet de réduire la pauvreté, ce qui est un souci de l’Eglise depuis toujours, comme de développer l’activité à travers l’initiative économique, ce qui est devenue pour elle une préoccupation. D’autre part, la microfinance est un secteur qui respecte la subsidiarité, qui n’est pas étranger au bien commun, et qui s’ouvre à la solidarité, trois des grands principes de la doctrine sociale de l’Eglise. Elle est aussi une finance de proximité, et en cela elle respecte la diversité des cultures comme le Pape le souhaite.
Selon Benoît XVI, la microfinance doit être renforcée et actualisée
Dans le chapitre 4 intitulé "Développement des peuples, droits et devoirs", le Pape affirme que "pour fonctionner correctement, l’économie a besoin de l’éthique". Et il pense que cela est également vrai de la finance qui peut plus facilement s’ouvrir à l’éthique à travers le microcrédit et, plus généralement, la microfinance.
Dans le chapitre 5 consacré à la collaboration de la famille humaine, le Pape passe en revue les domaines où pourrait s’exercer une plus grande solidarité, et il aborde celui de la finance. Elle doit être utilisée de manière éthique, et "il faut qu’elle redevienne un instrument visant à une meilleure production de richesses et au développement… de l’homme et des peuples… le système financier tout entier doit être orienté vers le soutien d’un développement véritable…" Après avoir ainsi réaffirmé le but ultime de la finance, Benoît XVI appelle à des initiatives financières où la dimension humanitaire soit dominante. En évoquant la situation dramatique et le désespoir des couches les plus vulnérables de la population, il rappelle la création des monts de piété et du mouvement coopératif et il souhaite que l’expérience de la microfinance soit "renforcée et actualisée". Il va même jusqu’à dire "il faut que les peuples pauvres apprennent à tirer parti du microcrédit".
Introduire le don et la gratuité dans l'économie
Michel Lelart conclut : "la microfinance est simplement évoquées une première fois d’une façon très générale à propos de l’éthique, et une seconde fois à propos de la finance qui doit servir aussi aux populations pauvres ou fragiles. L’encyclique aurait pu nous permettre de voir autrement la microfinance, ou de répondre plus facilement à certaines interrogations relatives par exemple aux "bonnes pratiques", qu’il faudrait susciter ou aux meilleures politiques pour le faire. Il n’en est rien. Elle ne propose aucune recette, elle ne suggère aucune piste, elle ne montre aucune voie. Elle n’a pas à préférer tel type d’institutions, telle taille, telle politique… La seule suggestion qui ressort c’est de commencer à introduire du don et de la gratuité dans ce secteur, où la solidarité est naturelle.
- Pour lire le texte intégral de Michel Lelart, cliquez ici.
- Pour lire l'intégralité de l'encyclique Caritas in Veritate, cliquez ici.
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