Dans son magazine du 12 mai, AGEFI-Hebdo a consacré une enquête à la microfinance. On y trouve notamment un entretien avec Michaël Knaute, directeur général d'Oxus Development Network, réseau d'institutions de microfinance, créé par ACTED en 2005. Michaël Knaute parle de la crise qui a touché la microfinance ces dernières années, de l'évolution vers une microfinance responsable et de la notoriété de la microfinance en France.
Quelles sont les causes de la crise du microcrédit ?Le microcrédit connaît des crises locales qui ont des causes différentes, mais dont le point commun est le surendettement, conséquence d'une croissance non maîtrisée, d'une recherche excessive de gain et d'une concentration trop forte des institutions de microfinance sur certaines zones ou sur certaines clientèles. Ce sont de vrais problèmes de pratiques de la microfinance mais qui accompagnent parfois des mouvements sociétaux comme l'entrée dans la société de consommation : en Inde, par exemple, certains microcrédits ont été octroyés pour acquérir des biens de consommation. L'impossibilité de les rembourser est alors un dommage collatéral de la modernisation du pays. Ce type de crise peut très bien se reproduire ailleurs.Peut-on prévenir ce risque ?C'est l'objet de L'Appel de Paris pour une microfinance responsable lancé lors du forum Convergences 2015 qui s'est tenu à Paris du 3 au 5 mai. Ce sont des principes fondamentaux visant une évolution positive de la microfinance. Il s'agit de mieux réguler et de mieux superviser les institutions de microfinance, d'améliorer la transparence sur leur performance sociale à l'aide de ratings sociaux et d'indicateurs internes, de mieux protéger les clients en renforçant l'éducation et l'accompagnement. Il faut également responsabiliser les investisseurs qui doivent modérer leurs exigences de retour sur investissement et garder à l'esprit la dimension sociale du projet. Enfin, la microfinance doit se développer à l'aide d'autres produits que le crédit comme l'épargne, l'assurance et le transfert de fonds qui sont de bons moyens de lutte contre la pauvreté.
L'image du microcrédit s'est-elle détériorée ?Selon notre sondage Ipsos réalisé en mars 2011, la notoriété et l'image du microcrédit s'améliorent auprès du grand public : 80 % des Français en ont entendu parler et 72 % pensent que c'est une solution innovante pour lutter contre la pauvreté. En outre, les 18 investisseurs français du microcrédit ont investi 541 millions d'euros en 2010, soit 34 % de plus qu'en 2009, preuve que le microcrédit est toujours attractif.
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