Jean-Michel Servet est professeur à l’Institut Universitaire d’Études du Développement (IUED) à Genève, directeur de recherche associé à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et à l’Institut Français de Pondichéry (IFP). En 2006, il a publié Banquiers aux pieds nus, la microfinance (ed. Odile Jacob). S'il défend le microcrédit, Jean-Michel Servat explique ses limites, notamment à cause de sa récupération par les néolibéraux, ce qui empêche de remettre en cause le système économique global.
Selon Jean-Michel Servat, pour les néo-libéraux largement séduits par cet outil, le microcrédit est pensé comme une incitation à la mise au travail par l’auto-emploi et comme un moyen particulièrement insidieux de démanteler les politiques d’aide aux chômeurs et aux personnes démunies dans les zones les plus marginalisées.
Dans son numéro de mai/juin 2007, le magazine Valeurs mutualistes a publié un bref entretien avec Jean-Michel Servet.
Votre analyse du microcrédit est plutôt critique…Le microcrédit est à la fois loué par les partisans de l’économie solidaire et par ceux qui prônent le désengagement de l’Etat ! C’est un instrument du néolibéralisme qui consiste à faire croire qu’il suffit de doter des populations démunies d’un capital économique et financier pour qu’elles puissent se débrouiller. Cela permet très souvent aux États de ne pas penser que la lutte contre la pauvreté passe d’abord par l’éducation, la santé ou la fourniture en réseaux d’eau potable, dont l’absence cause la mort de 4.000 enfants par jour.
Donc, le microcrédit comme alibi de l’économie néolibérale, a encore de beaux jours devant lui ?
Avec le recul de l’idéologie néolibérale, les illusions sont un peu en train de tomber. Dans les pays anglo-saxons et en Suisse, nous commençons à percevoir les limites de ce concept. Je pense qu’il faut chercher les limites du système pour pouvoir l’appliquer à meilleur escient.
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