Dans le cadre du Prix 2012 du meilleur jeune économiste, Le Monde a publié un entretien avec Pascaline Dupas, 35 ans, qui enseigne à l'université de Stanford, en Californie. Diplômée de l'Ecole normale supérieure, elle a réalisé sa thèse en économie du développement à l'Ecole des hautes études en sciences sociales et à l'Ecole d'économie de Paris sous la direction de François Bourguignon. Pascaline Dupas fait référence au microcrédit et à la micro-épargne. Extrait.
Pascaline Dupas. |
Vos recherches concernent les questions de santé dans les pays pauvres. Quels en sont les principaux résultats ?
J'essaie de comprendre les contraintes auxquelles font face les ménages des pays pauvres quand ils prennent la décision d'investir (ou non) dans la santé et, par conséquent, quels types de politiques publiques peuvent réduire ces contraintes.
Une première série d'études, menées avec Jonathan Robinson, de l'université de Californie à Santa Cruz, concerne le fait que les ménages n'ont pas d'accès aux banques et donc à l'épargne sécurisée.
Jusqu'à récemment, la plupart des recherches sur l'accès au système financier étaient limitées à la question du microcrédit, en s'interrogeant de la manière suivante : le microcrédit peut-il aider les pauvres ? Mes travaux avec M. Robinson ont montré l'importance de la micro-épargne : alors que la plupart des très pauvres ne veulent pas emprunter, ils souhaitent épargner. Notre recherche suggère qu'augmenter l'accès aux banques pourrait permettre aux pauvres d'épargner davantage et donc d'investir plus dans leur santé, ainsi que dans l'éducation, dans une entreprise familiale, etc. Mais il n'est pas rentable pour une banque commerciale de créer une branche en pleine campagne et de servir les très pauvres, car les montants que ceux-ci peuvent épargner sont relativement faibles. Il faut donc subventionner ces services pour les pauvres.
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