mardi 29 mai 2012

Maroc : le secteur du microcredit sort de la crise


Tariq Sijilmassi, président de la Fédération nationale des associations de microcrédits (FNAM), donne son point de vue sur le secteur de la microfinance au Maroc. Selon, le secteur est en train de sortir de la crise. Entretien.

Comment se comporte actuellement le secteur du microcrédit ?

À un certain moment, le microcrédit a grandi trop vite. Après, on a assisté à une crise de croissance du secteur durant une période de 2 ans à 2,5 ans, où il fallait se calmer, assainir les portefeuilles et entreprendre une action de formation des agents. Cette formation était vitale du fait que ces agents sont seuls face aux clients, sans aucune information comptable ou autre. Donc pour pouvoir avoir une information fiable, il faut avoir un agent fiable. Maintenant, le microcrédit est en train de sortir de sa petite crise et d’ailleurs tous les chiffres le prouvent. Après avoir marqué un palier, le secteur repart à la hausse.

Et qu’en est-il des remboursements ?

Le remboursement s’est stabilisé. On a passé une dizaine d’années avec un taux de remboursement de 99,5%. C’était incroyable, ce n’était peut-être même pas véridique. Après on a eu une crise, on a eu peur que ce taux descende. Aujourd’hui, il s’est stabilisé à peu près à 95%.

On reproche souvent aux acteurs du microcrédit de pratiquer des taux d’intérêt élevés. Est-ce fondé ?

C’est vrai que les taux sont élevés, mais c’est lié uniquement au coût de revient. En effet, au microcrédit, il n’y a pas de bénéfices. Et quand on parle du coût de revient, c’est une somme du coût de l’argent, des frais d’ouverture des comptes dans des endroits très éloignés, du fait qu’il y a au moins 5% du taux de chute…, avec tout cela, on arrive à ces taux-là. Mais le microcrédit ne génère pas de bénéfices, c’est une activité non lucrative. Donc, il faut qu’on travaille poste par poste. Ainsi, il faut baisser le coût de l’argent, en cherchant de l’argent moins cher, car les acteurs du microcrédit ne travaillent pas avec des fonds propres, mais avec de l’argent qu’on leur prête. Il y a aussi les coûts de gestion qui sont extrêmement élevés, car on travaille sur peu de clients dans des zones très éloignées. Parmi les moyens qui permettent cette réduction des coûts de gestion, on note surtout l’informatisation et l’utilisation des nouvelles technologies, telle la téléphonie mobile. Et puis nous travaillons également sur l’élargissement de la gamme de produits avec la micro-assurance, la micro-épargne… et enfin nous agissons sur la consolidation de la qualité des portefeuilles des associations et sur le taux de chute, car celui-ci est répercuté dans le coût. C’est mécanique. C’est vrai donc que le taux d’intérêt est élevé, mais ce n’est pas parce qu’on tire des bénéfices de cette activité, mais c’est juste parce qu’on répercute le prix de revient.

Source : Lamatin.ma

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