A l'instar de milliers d'autres Malawites, Luthe Dyson a créé son "affaire" grâce à un microcrédit de 30 euros, une somme importante dans un pays où quatre habitants sur 10 vivent avec moins d'un euro par jour. Dans son village à l'ouest de la capitale Lilongwe, cette femme de 25 ans, mère de quatre enfants, fait frire des cubes de pommes de terre dans l'huile bouillante sur son réchaud à bois, et sert ses clients à la louche.
Comme 81% de la population du Malawi, la jeune femme n'a pas de compte bancaire, mais le crédit, accordé par un réseau spécialisé, lui a permis de se lancer. Luthe Dyson affirme : "sans cela, je n'aurais jamais démarré cette affaire. Je recommande fortement aux autres femmes d'emprunter de l'argent et de faire comme moi, parce que ça m'aide à améliorer la vie à la maison".
Le Réseau de Microfinance du Malawi finance 600.000 clients
"Notre modèle de micro-finance fonctionne bien", se réjouit Steward Kondowe, directeur exécutif du Réseau de Microfinance du Malawi, un pays où les pénuries et la pauvreté ont provoqué de violentes émeutes, le 20 juillet, qui ont fait 19 morts. "Le seul gros problème, c'est que nous sommes submergés par la demande. La demande pour les services financiers est énorme par rapport à l'offre". Le réseau avait prêté fin 2010 10,9 milliards de kwachas (50 millions d'euros) à plus de 600.000 clients, dont presque deux tiers sont des femmes.
Pour Ben Kaluwa, professeur d'économie à l'université du Malawi, "beaucoup d'espoir repose sur le développement des petites et moyennes entreprises, notamment en milieu rural".
La réussite exemplaire de Samuel Mamba
L'histoire de Samuel Mamba est à ce titre exemplaire : ce père de deux enfants, qui vivait d'une agriculture de subsistance, a économisé pendant trois ans pour ouvrir une petite échoppe de matériel, avant d'emprunter 20.000 kwachas (100 euros) en 2008, avec un groupe de 10 personnes. Samuel a mis quatre ans à rembourser ce premier emprunt. Mais aujourd'hui, à 34 ans, son affaire a décollé. Il vient de souscrire son sixième prêt, d'un montant de 600.000 kwachas (3000 euros), et espère le rembourser en dix mensualités. Il possède maintenant deux hangars, fait construire une deuxième maison, et continue à faire du profit.
"Ça a changé ma vie", confie-t-il au milieu de son atelier jonché de pièces de bicyclette et d'outillage de toute sorte. "Je pense que la microfinance a un grand avenir dans ce pays", dit-il, assurant que le nombre de clients du réseau augmente de 25% chaque année. "Nous ne disons pas que nous allons créer des millionnaires du jour au lendemain, mais progressivement".
Source : AFP
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