Les Cahiers d'Outre-Mer ont publié en 2007, un texte d'Élisabeth Hofmann et de Kamala Marius-Gnanou intitulé : "Le microcrédit est-il le faux-nez du néolibéralisme ?". Les auteurs y posent la question suivante : dans un contexte de mondialisation, le microcrédit pour des femmes a été largement investi par la plupart des grands organismes internationaux et de nombreuses ONG. Est-ce une panacée pour combattre la pauvreté dans le monde ou une manière d’introduire aussi les plus vulnérables dans l’économie néolibérale mondiale ?
Précisions sur les auteurs : Élisabeth Hofmann est coordinatrice du réseau Genre en Action ; Kamala Marius-Gnanou est maîtresse de Conférences en géographie et aménagement Université Bordeaux III, chercheuse associée à l’Institut Français de Pondichéry membre de la Chaire Unesco de l’Université Bordeaux 3 pour la formation des professionnels du développement durable.
Passons toute de suite à la conclusion de l'étude : pour les deux auteurs, dans la majorité des cas, la microfinance crée un filet de sécurité évitant ainsi des situations sociales explosives, sans pour autant représenter une échelle pour sortir durablement de la pauvreté.
Microfinance, économie marchande et désengagement de l'État
Si la microfinance a donc des avantages indéniables, cela n'empêche pas Élisabeth Hofmann et Kamala Marius-Gnanou de poser des questions très intéressantes sur les liens entre la microfinance, la globalisation de l'économie marchande et le désengagement porgressif de l'Etat en matière de services publics.
Sur la microfinance et la globalisation de l'économie marchande :
Sur la microfinance et le désengagement progressif de l'État en matière de services publics :
Lire l'étude complète :
Élisabeth Hofmann et Kamala Marius-Gnanou, « Le microcrédit est-il le faux-nez du néolibéralisme ? », Les Cahiers d’Outre-Mer n° 238, Avril-Juin 2007.
Sur la microfinance et la globalisation de l'économie marchande :
Et si derrière la lutte contre la pauvreté étaient cachés des intérêts peu avouables ? Il y a quinze ans déjà, Serge Latouche donnait une toute autre explication au fabuleux destin du microcrédit et notamment à l’implication grandissante des banques dans ce secteur : il s’agirait de tentatives de captation des ressources financières informelles qui circulent traditionnellement dans de nombreuses sociétés sous forme d’associations rotatives d’épargne et de crédit, AREC (appelées tontines, merry-go-rounds, Chit funds, etc.). La success story de la Grameen Bank a parfois fait oublier que dans la plupart des sociétés, même des personnes relativement démunies avaient déjà accès à diverses formes de crédits solidaires avant l’existence des microcrédits. Or, cette forme ancienne d’économie solidaire fait tâche dans un contexte de globalisation de l’économie marchande
Sur la microfinance et le désengagement progressif de l'État en matière de services publics :
On ne peut s’empêcher de poser la question : et si le financement de programmes de microcrédit au profit essentiellement de groupes pauvres et plus particulièrement de femmes était organisé dans le but de ne pas remettre en cause le désengagement de l’État en matière de services publics ? La microfinance en faisant croire que tout actif potentiel, notamment les femmes les plus pauvres et les plus vulnérables peuvent être entrepreneures ou créer leur emploi favorise le processus de mondialisation néo-libérale ; cela crée un filet de sécurité évitant ainsi des situations sociales explosives, sans pour autant représenter une échelle pour sortir durablement de la pauvreté. La microfinance participe ainsi au processus de mondialisation en devenant une forme de subsidiarité de l’action publique, mais une subsidiarité inefficace et insuffisante face aux besoins pratiques et stratégiques toujours grandissants comme corollaire de ce processus.
Lire l'étude complète :
Élisabeth Hofmann et Kamala Marius-Gnanou, « Le microcrédit est-il le faux-nez du néolibéralisme ? », Les Cahiers d’Outre-Mer n° 238, Avril-Juin 2007.
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