mardi 29 mars 2011

L'Agence Française de Développement et la Fondation Grameen Crédit Agricole signent une convention de partenariat

L'Agence Française de Développement (AFD) et la Fondation Grameen Crédit Agricole pour la microfinance ont signé le 28 mars une convention de sous-participation en risque d'un montant de 10 millions d'euros. L'intervention en sous-participation de l'AFD consiste à prendre en charge 50% du risque de crédit sur les concours financiers octroyés par la Fondation Grameen Crédit Agricole aux institutions de microfinance, sous réserve du respect de critères géographiques et financiers. Elle permettra d'assurer un montant d'intervention de 20 millions d'euros de la Fondation en Afrique Sub-saharienne et sur le pourtour méditerranéen au cours des deux prochaines années.

Fondation Grameen Crédit Agricole microfinance AFD

Ce partenariat a pour objectif d'assurer la concentration des interventions de la Fondation Grameen Crédit Agricole sur les deux zones prioritaires de l'aide française : l'Afrique Sub-saharienne et le pourtour méditerranéen. Il fait suite à une première collaboration entre la Fondation et PROPARCO, la filiale secteur privé de l'AFD, en faveur de l'institution de microfinance kényane KWFT DTM (Kenya Women Finance Trust DTM Ltd).

En 2010, PROPARCO et la Fondation ont cofinancé pour un montant équivalent à 7 millions d'euros l'institution de microfinance KWFT DTM, dédiée exclusivement aux femmes et résolument tournée vers les zones rurales (représentant environ 80% de son activité). Ce premier cofinancement entre PROPARCO et la Fondation a notamment permis à l'IMF kenyane de bénéficier de ressources de financement à long terme (7 ans) et en monnaie locale (Shillings Kenyan) notamment grâce au mécanisme de couverture du risque de change TCX.

Source : Boursier.com

lundi 28 mars 2011

MicroWorld : le microcrédit en un clic

Les Échos ont publié un article sur Microworld, la plate-forme virtuelle de microcrédit de PlaNet Finance, qui se veut "le nouveau Facebook du crédit pour les plus démunis". MicroWorld espère financer à terme 6.000 projets de microcrédit par mois, répartis dans une vingtaine de pays, grâce à 20.000 prêteurs.

Microworld Planet Finance microcrédit microshow

Bien utilisées, les nouvelles technologies sont-elles l'antidote à la pauvreté dans le monde ? Les fondateurs de MicroWorld, la nouvelle plate-forme virtuelle de microcrédit solidaire du groupe PlaNet Finance de Jacques Attali, en sont convaincus. « Les systèmes de solidarité ne sont pas adaptés au nouvel environnement ultradynamique et ultraviral de l'Internet. Il fallait créer un système aussi générationnel que Facebook pour sauver la planète », déclare non sans emphase Alexandre Allard, président d'Allard Involved. C'est avec cet objectif que sa société d'investissement solidaire a participé au pool de huit investisseurs internationaux qui ont apporté 6,5 millions d'euros pour lancer MicroWorld.

Cette plate-forme est conçue sur le même modèle que Babyloan en France ou Kiva aux États-Unis. « Tous les projets sont présentés sur le site et tout le monde peut prêter une petite somme en quelques clics, précise David Langlois, directeur général de MicroWorld. Contrairement aux dons effectués via des associations caritatives, cette contribution, de 48 euros en moyenne, est 100 % attribuée au porteur de projet. »

Microworld Planet Finance microcredit

Les premières semaines de lancement sont encourageantes : 400 projets d'un montant moyen de 500 euros, répartis dans trois pays (Pérou, Sénégal et Cambodge), ont trouvé un financement via MicroWorld. Pour David Langlois, ce n'est qu'un début et il assure que la plate-forme a été conçue pour traiter 300 projets par pays et par mois. « En avril nous serons au Liban et nous étudions la mise en place de partenariats aux Philippines, au Maroc, au Ghana et au Tadjikistan. Notre objectif à terme est de compter 20 pays, ce qui représente une moyenne de 6.000 projets de microcrédit traités par mois », conclut-il. Fort de 1.500 membres en l'espace de quelques semaines, il espère compter 20.000 membres prêteurs dès la fin de l'année.

« Microshows » pour les prêteurs

La plate-forme de Babyloan n'a de son côté pas encore atteint les 10.000 membres actifs en deux ans, mais les créateurs de MicroWorld estiment avoir d'autres atouts pour sortir le microcrédit de la confidentialité. Ils ont mis à profit les techniques de marketing viral propres à Internet en convaincant plusieurs artistes de soutenir le projet. Ces derniers se produisent dans des « Microshows » réservés aux prêteurs et ils initient des communautés virtuelles « d'amis » comme peut le faire tout internaute désireux de soutenir MicroWorld.


Jean-Louis Aubert lors du premier MicroShow, le 21 février 2011, au Musée du quai Branly.

Ces vitrines médiatiques ont le double avantage d'être gratuites et de casser l'image institutionnelle du microcrédit. MicroWorld dispose, en outre, d'une plate-forme informatique comparable à celle d'une banque. « Notre plate-forme internet permet de gérer les flux financiers de 3 millions de prêteurs pour 2 millions de micro-entrepreneurs sans difficultés, souligne Alexandre Allard. Elle nous permet aussi de concevoir et gérer des sites MicroWorld dédiés pour des entreprises partenaires. » Ses équipes finalisent une plate-forme virtuelle pour GDF Suez et espèrent répliquer l'expérience avec trois autres grandes entreprises du CAC 40 d'ici à la fin de l'année. MicroWorld fait ainsi d'une pierre deux coups : cette activité lui assure une source de revenus supplémentaires tout en lui donnant accès à des milliers de nouveaux souscripteurs. Une mécanique vertueuse propre à Internet.

mardi 22 mars 2011

Le microcrédit et le rôle des femmes dans l'agriculture

Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), si les femmes dans les zones rurales bénéficiaient du même accès que les hommes à la terre, aux technologies, aux services financiers, à l'instruction et aux marchés, il serait possible d'augmenter la production agricole et de réduire de 100 à 150 millions le nombre d'affamés dans le monde.



Dans son nouveau rapport sur l'état de l'agriculture publié le 7 mars (La Situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2010-11. Le rôle des femmes dans l'agriculture - Combler le fossé entre les hommes et les femmes pour soutenir le développement), la FAO de l'ONU souligne l'intérêt de miser sur les femmes dans les régions rurales. Une préconisation qui ne surprendra pas les promoteurs du microcrédit, qui ont dès le départ ciblé les femmes pour lutter contre la pauvreté, et qui a l’intérêt de formuler un impact chiffré de l’activité et de l’émancipation féminine sur le développement global.

Pour Jacques Diouf, directeur général de la FAO, "ce rapport fournit des arguments étayés pour promouvoir l'égalité hommes femmes dans l'agriculture". Selon Microworld, il reste tout de même du chemin à parcourir : en effet, dans le monde, les femmes effectuent 2/3 du nombre d’heures de travail, mais ne gagnent pour cela que 10% du revenu total, possèdent moins de 2 % des terres, et reçoivent moins de 5 % des prêts bancaires.

En savoir plus :

Lire le dossier "Les femmes et le microcrédit" sur le site de Microworld.

lundi 21 mars 2011

International Social Enterprise Forum @ Edhec Nice (25/03/2011)

Le 25 mars 2011 a lieu sur le campus de l’Edhec Business à School à Nice l’International Social Enterprise Forum. L'association étudiante Develop s’est fixé pour défi d’organiser cet événement afin de promouvoir l’Entrepreneuriat Social et de sensibiliser le grand public à cette thématique.



Regroupant 46 membres de dix nationalités sur les campus de Lille et de Nice, l’association Develop promeut le social business sous toutes ses formes, principalement via des actions de sensibilisation à l’entrepreneuriat social (notamment auprès d’étudiants de classes préparatoires) et un travail en partenariat avec des institutions de micro finance comme l’ADIE en France. L’association a pour vocation de devenir un acteur clef de l'Économie Sociale et Solidaire en menant à bien des projets en collaboration avec les acteurs du secteur.

Le forum se déroulera sous forme de conférences, tables rondes et ateliers. Organisées sur des thématiques allant de l’économie solidaire à la micro finance en passant par les outils financiers au service de l’entrepreneuriat social, les discussions réuniront des experts du secteur tels Rod Schwartz, fondateur et PDG de ClearlySo, Aurélie Duthoit, co-fondatrice et directrice de babyloan.org ou encore Arnaud Mourot, directeur général d’Ashoka France.
Le programme complet du Forum :

9h30-10h Accueil

10h-10h30 Séance d'ouverture

10h30 – 11h45 Table ronde : vers une économie solidaire

Abdelmounaim Guessous (Ministre marocain, délégué à l’économie solidaire), Carol Tappenden (Directrice Générale, Nexii), Aymeric Marmorat (Directeur Executif, SIFE ; Co-fondateur et Directeur, Entrepreneurs Sans Frontières)

12h15 – 13h30 Table ronde : les outils financiers au service du développement de l'entreprenriat social

Rod Schwartz (Fondateur et P.-D.G., ClearlySo), Mark Campanale (Fondateur et Directeur, UK Social Investment Fund; Consultant, Halloran Philantropies), Véronique le Sourd (Senior Research engineer, EDHEC Risk) Modérateur : Daniel Haguet (Professeur, Responsable de la filière Finance à l’EDHEC)

14h 45 – 16h Table ronde : microfinance : challenge et opportunités

Michael Cracknell (Co-fondateur et Secrétaire Général, Enda Inter-Arabe et Co-Fondateur du réseau inter-arabe d’IMF SANABEL), Aurélie Duthoit (Co-fondatrice et directrice générale, babyloan.org), Modérateur : Sylvain Dumas (Responsable exécutif, Horizons Partagés)

16h30 – 17h30 Ateliers

17h45 – 19h Table ronde : entrepreneuriat social, pas assez sexy pour vous ?

Rod Schwartz (Fondateur et P.-D.G., ClearlySo), Aurélie Duthoit (Co-fondatrice et directrice générale, babyloan.org), Arnaud Mourot (Directeur Général, Ashoka), Aymeric Marmorat (Directeur Executif, SIFE, Co-fondateur et Directeur, Entrepreneurs Sans Frontières)

19h – 19h30 Séance de clôture

samedi 19 mars 2011

Catherine Barbaroux, nouvelle présidente de l'ADIE

A l'occasion de l'Assemblée Générale qui s'est tenue ce mercredi 16 mars, Catherine Barbaroux a été élue pour assumer la présidence de l’ADIE. Elle prend la suite de Maria Nowak, Présidente et fondatrice de l’association.

catherine barbaroux adie microfinance
Catherine Barbaroux, présidente de l'ADIE.

Maria Nowak reste impliquée dans l’association et prend le titre de Présidente Fondatrice. Elle restera en outre administratrice de l’Adie, Présidente de l’Association ADIE Microfranchise solidaire, d'ADIE International et de microStart, opération de microcrédit qui vient d’être lancée en Belgique en partenariat avec BNP Paribas, Fortis et le FEI.

Riche d’une longue expérience au service de l'emploi dans le cadre de ses précédentes fonctions, aussi bien dans le secteur privé qu’au sein de l’Etat, Catherine Barbaroux entend, forte de la confiance de Maria Nowak, du soutien du conseil d'administration, des permanents et des bénévoles, "poursuivre et amplifier le combat de l’ADIE parce qu'il est concret, juste, et plus que jamais nécessaire dans le contexte social et économique actuel".

Parcours professionnel de Catherine Barbaroux

Directrice de cabinet de Michel Crépeau au ministère de l'Environnement (1981-83) puis au ministère du Commerce, de l'artisanat et du tourisme (1983-86). En poste à la direction des ressources humaines et de la communication puis au directoire du groupe Printemps devenu PPR, directrice d'Entreprise et Personnel (1993), déléguée générale à l'emploi et à la formation professionnelle (1999), directrice générale des services du Conseil régional d'Ile de France (2005) puis présidente de l'ADIE (depuis 2011).

mardi 15 mars 2011

Esther Duflo : microcrédit, miracle ou désastre ?

Esther Duflo, économiste française, actuellement professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et récipiendaire de la médaille John Bates Clark en 2010, a publié le 11 janvier 2011 dans Le Monde un article intitulé "Microcrédit, miracle ou désastre ?". En se penchant sur le cas de deux programmes de microcrédit, aux Philippines et en Inde, Esther Duflo explique les avantages et les limites du microcrédit. Pour elle, le microcrédit n'est pas la solution miracle.

Esther Duflo, auteur du livre Le développement humain. Lutter contre la pauvreté (2010)

Deux cas : aux Philippines et en Inde

Aux Philippines, First Macro Bank propose des emprunts à des entreprises qui existent déjà, sur une base individuelle. En Inde, Spandana utilise le modèle canonique de la Banque Grameen (l'institution créée par Mohammed Yunus): un petit emprunt solidaire, réservé à des femmes. Pourtant, les résultats concordent : dans les deux pays, les emprunteurs acquièrent plus de biens durables (télévision, réfrigérateur, etc.) pour leur foyer. Ceux qui ont une petite entreprise investissent dans celle-ci : ils acquièrent des actifs productifs (bicyclette, machine à coudre) ou augmentent leurs stocks. En Inde, un emprunt sur huit conduit à la création d'une nouvelle activité indépendante (aux Philippines, tous les emprunteurs avaient déjà une entreprise).

Ces études semblent donc nous dire que le microcrédit rend exactement les services attendus d'un bon produit financier : il permet à ses clients d'effectuer des achats importants, pour leur activité ou pour leur ménage, qu'ils n'auraient pas pu engager autrement.

Aucune transformation profonde à long terme

Mais, dix-huit mois plus tard, on ne constate aucun signe d'une transformation profonde de la vie de ces familles : ni l'une ni l'autre de ces études ne démontre d'impact sur la santé, la scolarisation ou le pouvoir de décision des femmes. En revanche, contrairement aux prédictions pessimistes des sceptiques de la microfinance, on ne constate aucune frénésie de consommation irresponsable provoquée par l'argent facile : au contraire, en Inde, les familles abandonnent certaines des petites tentations de la vie courante (thé, snacks, noix de bétel, tabac) pour rembourser l'emprunt qui leur a permis d'acheter des biens durables.


La First Macro Bank aux Philippines.

Le microcrédit n'est pas une recette miracle

Il ne s'agit bien sûr que d'effets à court terme. L'impact dans trois ans ou plus sera peut-être tout à fait différent. Les revenus supplémentaires de l'activité financeront-ils la scolarisation des enfants ? Ou bien le poids des remboursements hebdomadaires se fera-t-il sentir davantage ? Les données sont en cours de collecte.

Le monde rêve d'une recette miracle contre la pauvreté et le microcrédit était un candidat tout à fait plausible. Ces études suggèrent qu'il est temps de revenir à une description plus nuancée de ses avantages possibles. Mais reprocher au microcrédit d'être inutile ou dangereux parce qu'il ne se révèle pas être cette recette miracle n'a pas grand sens.

Laisser de côté le discours polémique a aussi l'avantage de nous inciter à dépasser un débat binaire pour remettre en question le modèle canonique du microcrédit et nous demander comment il pourrait encore mieux servir ses emprunteurs. Une des limites du microcrédit est qu'il finance essentiellement des activités à toute petite échelle, de très faible croissance, bien éloignées de l'image d'Epinal d'un Bill Gates démarrant Microsoft dans son garage : dans les rues des villes d'Inde, d'Indonésie ou du Bangladesh, on voit d'innombrables petites épiceries, vendant toute la même chose, dont les bénéfices suffisent à peine à payer un salaire minimal à leur propriétaire, en dépit des dix à douze heures de travail quotidien. Ces micro-entreprises ont beaucoup de mal à passer à la vitesse supérieure : plus de 90 % des entreprises des clients de Spandana que nous avons étudiées n'ont pas d'employé ; aucune n'en a plus de trois. Dans quelle mesure la structure même du microcrédit contribue-t-elle à cet état de chose ?

Lire l'article complet d'Esther Duflo, "Microcrédit, miracle ou désastre".

lundi 14 mars 2011

L'ADIE à Pôle emploi du 14 au 18 mars 2011

A l’occasion d’une campagne que mène l’ADIE (Association pour le droit à l'initiative économique) pour mieux faire connaître son offre aux porteurs de projet d’entreprises, Pôle emploi lui ouvre ses agences, du 14 au 18 mars 2011.

Du 14 au 18 mars 2011 : alliance ADIE / Pôle emploi en France
Du 14 au 18 mars 2011 : alliance ADIE / Pôle emploi en France.

Les conseillers de l’ADIE seront présents dans plus de 100 agences Pôle emploi à travers toute la France, et se tiendront à la disposition des demandeurs d’emploi tentés par la création d’entreprise. Ils leur apporteront leur expertise sur des points aussi fondamentaux que le financement, le choix d’un statut ou encore le développement commercial.

Le partenariat de Pôle Emploi et de l’ADIE a officiellement été lancé le 14 mars, à 15 heures, à l’occasion de la visite conjointe de l’agence Pôle emploi de Montreuil-sous-Bois, par Maria Nowak, présidente de l’ADIE, et Christian Charpy, directeur général de Pôle emploi.

En savoir plus :
Voir le Bilan 2010 de l'ADIE pour le microcrédit.

vendredi 11 mars 2011

Essor de la microfinance en Afrique de l'Ouest entre 1993 et 2009

La Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) a annoncé le 8 mars que l'encours du crédit du secteur de la micro finance dans l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) a connu une forte augmentation de 446,5 milliards de FCFA (environ 893 millions de dollars) entre 1993 et 2009, soit une progression de 1.063 %.

L’encours des dépôts est ressorti à 504 milliards de FCFA contre 42,2 milliards en 1993 (plus 1.095 %). Concernant les bénéficiaires des structures de micro finance, ils sont passés de 312.425 en 1993 à 9,5 millions en 2009, correspondant à une très forte hausse de près de 3.066 %. Le nombre de structures de microfinance a connu une croissance de 647,7 % sur la même période, passant de 107 en 1993 à 800 à la fin de l’année 2009.

La BCEAO signale un certain nombre de mutations en cours dans le secteur de la micro finance. Il en est ainsi de l’accentuation de la concurrence entre les systèmes financiers décentralisés (SFD) qui se manifeste à travers la création de nouvelles institutions et la forte urbanisation des activités de micro finance. Une autre mutation notée par la BCEAO, est l’entrée dans le secteur des banques commerciales ainsi que des fonds d’investissements.

Source : Afrique Avenir.

mardi 8 mars 2011

Muhammad Yunus licencié de la Grameen Bank

Après plus d'une semaine de spéculation déjà résumée ici sur le licenciement de Muhammad Yunus de la Grameen Bank, la Haute Cour de Dacca vient de confirmer que le "père du microcrédit", 70 ans, a été relevé de ses fonctions de directeur général de la Grameen Bank, avec effet immédiat.

Muhammad Yunus licencie Grameen Bank renvoi justice nobel paix microcredit
Muhammad Yunus, ex-Directeur général de la Grameen Bank,
à la sortie du tribunal de Dacca.


Vers un appel de Muhammad Yunus


Dans un communiqué, la Grameen Bank s'est dit "très déçue" et compte "consulter ses avocats sur les prochaines étapes à suivre". Muhammad Yunus souhaite d'ailleurs faire appel du verdict. Selon Sara Hossain, une des avocate de Yunus, "nous ne sommes pas surpris, nous nous y attendions. La cour a simplement confirmé l'ordre illégal de la banque centrale du Bangladesh. Nous allons interjeter appel, nous espérons le faire dès demain".

Depuis le 2 mars, annonce du licenciement de Yunus par la Banque centrale du Bangladesh, les messages de soutien avait afflué : de l'Ambassade étasunienne au Bangladesh, de John Kerry, Président du Comité des affaires étrangères du Sénat des États-Unis, de Martin Hirsch, ancien président d'Emmaüs France, d'Arnaud Ventura, vice-président du groupe PlaNet Finance, ainsi que du Consultative Group to Assist the Poor (CGAP). Tilman Ehrbeck, président de CGAP et Vijay Mahajan, siégeant au conseil d'administration du CGAP, ont d'ailleurs écrit :
"Nous sommes très préoccupés par la campagne des ces derniers mois et des récentes actions en justice pour évincer Muhammad Yunus de la direction de Grameen Bank [...] Le large soutien international qu'a reçu le Professeur Yunus montre le rôle important que beaucoup de pays voient aujourd'hui dans l'inclusion financière. Nous ressentons également une plus grande prise de conscience et compréhension à un niveau politique dans plusieurs pays dont ceux du G-20 - de ce que l'inclusion financière puisse contribuer au développement social et économique".

Chaîne humaine des clients de la Grameen Bank

Le 5 mars, selon RFI, des milliers d'employés et de clients de la Grameen Bank avaient formé des chaînes humaines et demandé la fin du harcèlement dont Muhammad Yunus serait victime de la part du pouvoir. Selon Tanim Hussain Shawon, un des avocats, "la Banque centrale a inspecté la Grameen Bank durant les 12 dernières années. Durant toutes ces années, elle n'a jamais remis en question le renouvellement de son mandat (de directeur général). Cela donne des raisons de soupçonner qu'il s'agit d'un règlement de compte personnel contre Yunus".

Depuis plusieurs mois, de nombreuses personnalités de la microfinance s'accordent à dire que "l'affaire Muhammad Yunus" est avant tout une affaire politique. En effet, les relations entre Muhammad Yunus et la Première ministre Sheikh Hasina Wajed sont conflictuelles de longue date. En 2007, Muhammad Yunus avait accordé un entretien à l'AFP au cours duquel il avait déclaré que la politique au Bangladesh était simplement une affaire de "pouvoir pour faire de l'argent", ce qui lui valut une plainte pour diffamation déposée en janvier 2007 par un membre d'un petit parti de gauche.

Avec l'appel de Muhammad Yunus en perspective, il est sûr que cette affaire est loin d'être terminée.

Dales Adams : "Réserves au sujet des introductions en bourse des IMF"

Dans son Rapport 2011, la Campagne du Sommet du Microcrédit (Microcredit Summit Campaign) a publié une tribune du Dr. Dale Adams, Professeur émérite à l’Ohio State University aux États-Unis, intitulée "Réserves au sujet des introductions en bourse". Dale Adams y aborde l'une des polémique majeure de la microfinance : l'introduction en bourse d'IMF, comme SKS Microfinance en Inde et Compartamos Banco au Mexique.


Colère de clients de microfinance en Inde.

Quatre objections sont mises en avant : l'absence de besoin pour les IMF d'adhérer à des marchés financiers, le manque d'altruisme des introductions en bourse, l'absence de résultats concrets de lutte contre la pauvreté par les marchés financiers ; et l'imposition de taux d'intérêts trop élevés.

Ceux qui sont en faveur des introductions en bourse affirment qu’elles permettent d’accéder aux marchés financiers internationaux pour obtenir de nouveaux fonds, pouvant être utilisés pour réduire la pauvreté en offrant des prêts supplémentaires. Cet argument soulève cependant de nombreuses questions.

Premièrement, les IMF n’ont pas besoin des marchés financiers internationaux pour financer leurs prêts. A titre d’exemple, les banques Grameen Bank II et Bank Rakyat Indonesia financent leurs prêts par un surplus de fonds approvisionnés par l’épargne volontaire. Dans les deux cas, un plus grand nombre de pauvres bénéficient des services d’épargne que des services de prêts. De plus, la possibilité de lancer une introduction en bourse n’encourage pas certaines IMF à mobiliser l’épargne.

Deuxièmement, il serait déplacé de donner aux introductions en bourse une image altruiste. Elles attirent les investisseurs à cause des bénéfices non distribués (et des subventions) que ces organisations accumulent. D’où proviennent ces bénéfices non distribués ? Ils proviennent de la sueur des pauvres femmes qui empruntent auprès de ces organismes de prêts. Plutôt que de baisser les taux d’intérêts, la possibilité de lancer une introduction en bourse amène les initiés à pratiquer des taux d’intérêts élevés afin d’accroître plus tard leurs gains personnels. C’est faire preuve de sophisme que d’affirmer qu’en effectuant une introduction en bourse, on profite d’un groupe d’emprunteurs en pratiquant des taux d’intérêts élevés et, qu’en plus, l’on profite des pauvres femmes en imposant des taux d’intérêts élevés sur leurs emprunts pour supporter les cours de l’action.

Troisièmement, je me préoccuperais moins des introductions en bourse dans le secteur de la microfinance si les crédits octroyés aidaient de nombreux pauvres à sortir de la pauvreté. Les piètres résultats économiques, dévoilés par les essais aléatoires avec groupes de contrôle récents, révèlent que très peu de progrès sont en cours de réalisation. Si la plupart des emprunteurs utilisent les crédits pour stabiliser la consommation alors que très peu d’entre eux gèrent des entreprises dynamiques en croissance, ces résultats sont compréhensibles.

Quatrièmement, les taux d’intérêts toujours élevés, accompagnés des introductions en bourse, fournissent des arguments dévastateurs pour les démagogues. Le secteur de la microfinance ne peut se permettre d’être perçu comme étant un moyen pour quelques initiés de s’enrichir aux dépens des pauvres.

Lire le rapport 2011 État de la Campagne du Sommet du Microcrédit : http://www.microcreditsummit.org/SOCR_2011_FR_web.pdf

Dale W. Adams a notamment dirigé la publication du livre Finance informelle dans les pays en développement (Presses Universitaires de Lyon, 1994).

lundi 7 mars 2011

10 millions de Bangladais franchissent le seuil de 1,25 $US par jour

Selon un nouveau rapport commandé par la Campagne du Sommet du Microcrédit, près de 2 millions de foyers bangladais clients de la microfinance, soit environ 10 millions d’individus, ont franchi le seuil de revenu de 1,25 $US par jour entre 1990 et 2008.

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Une étude de plus de 4000 foyers bangladais, dirigée par Sajjad Zohir de l'Economic Research Group de Dacca, a constaté qu’un nombre impressionnant de familles sont sorties de la pauvreté entre 1990 et 1997 mais qu’une vaste inondation en 1998 associée à la crise alimentaire et énergétique de 2008 ont vraisemblablement causé la chute de millions de familles sous le seuil de 1,25$ au cours de cette dernière période. En dépit du recul qu’ont entraîné ces catastrophes, près de 10 millions de personnes au total ont réussi à s’affranchir de la pauvreté.

Sam Daley-Harris, Directeur de la Campagne du Sommet du Microcrédit, commente :
Alors que l’étude du Bangladesh n’avait pas pour but de déterminer la causalité, il est très significatif de constater que le nombre de clients de microfinance qui sont sortis de la pauvreté soit similaire aux données nationales sur la réduction de la pauvreté. La majorité de la pauvreté au Bangladesh est concentrée dans les zones rurales et il en est de même pour les clients de microfinance.

Lire le rapport complet (en anglais) : http://www.microcreditsummit.org/uploads/files/Bangladesh_Report_FINAL-embargoed.pdf

Notes

- La Campagne du Sommet du Microcrédit (Microcredit Summit Campaign) est un projet de RESULTS Educational Fund, un groupe de plaidoyer du microcrédit ayant son siège aux États-Unis et voué à créer la volonté de mettre fin à la pauvreté.

- Economic Research Group est une organisation à but non lucratif ayant ses assises au Bangladesh, qui a été fondée pour promouvoir l’éducation et la recherche avec comme objectif d’améliorer la justice sociale et économique

samedi 5 mars 2011

Bilan de l'ADIE en 2010 pour le microcrédit

L'Association pour le droit à l'initiative économique (ADIE) a publié sur son site le bilan de l'année 2010 : plus de 12.000 microcrédits à des personnes en situation de précarité pour leur permettre de créer leur propre emploi. Plus exactement, l'ADIE a accordé 12.023 microcrédits, a financé 10.190 entreprises et a permis de créer 14.062 emplois.

L'activité 2010 a cependant été moins performante qu'en 2009, en raison de la crise économique et du manque de fonds propres destinés aux créateurs d’entreprise. Il s'agit de la première baisse d'activité depuis sa création en 1989.



Maria Nowak, présidente de l'ADIE.

Maria Nowak, présidente de l'ADIE, a publié le communiqué suivant :
"Nous savons que la crise n'est pas finie, que les déficits publics, pour être résorbés, pèseront sur le pouvoir d'achat et la croissance, que les dérives du capitalisme ne disparaitront pas d’elles-mêmes. Et pourtant, l'esprit d'entreprise dont le manque a été souvent déploré dans notre pays, explose avec le statut de l'auto- entrepreneur, les chômeurs n'hésitent pas créer leur emploi et l'appareil de production se rénove à la base.

Plus que jamais dans cette période difficile, l'ADIE a besoin de ses partenaires pour mettre à la disposition des chômeurs créateurs d'entreprise l'ensemble des services financiers dont ils ont besoin, et notamment les fonds propres nécessaires à la création, ainsi que les services d'accompagnement qui contribuent à leur réussite. L'initiative et la solidarité restent les deux piliers indissociables du microcrédit".

vendredi 4 mars 2011

L'affaire Muhammad Yunus - Bangladesh

L'information a beaucoup circulé ces derniers jours : le 2 mars, la Banque du Bangladesh, banque centrale du pays, a licencié Muhammad Yunus de la Grameen Bank, dont il est le fondateur. Raisons invoquées : à 70 ans, Muhammad Yunus a dépassé l’âge légal de la retraite (60 ans) ; de plus, sa nomination comme directeur général, en 2000, n’aurait pas obtenu l’accord préa­la­ble de la banque centrale, nécessaire d’après le règlement fondateur de la Grameen Bank.

Addendum (8 mars 2011) : Muhammad Yunus licencié de la Grameen Bank

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Muhammad Yunus, Prix Nobel de la Paix menacé par les autorités du Bangladesh.

Une affaire politique


Les relations entre Muhammad Yunus et la Première ministre Sheikh Hasina Wajed sont conflictuelles de longue date. En 2007, Muhammad Yunus avait accordé un entretien à l'AFP au cours duquel il avait déclaré que la politique au Bangladesh était simplement une affaire de "pouvoir pour faire de l'argent", ce qui lui valut une plainte pour diffamation déposée en janvier 2007 par un membre d'un petit parti de gauche.

Il faut se souvenir qu'en 2007, l'actuelle Première ministre Sheikh Hasina a avait été accusée d'extorsion de fonds et de complicité de meurtres. Des charges qui ne lui ont finalement valu aucune peine, la Haute Cour s'estimant incompétente en vertu des lois d'urgence concernant les crimes commis avant l'imposition de l'état d'urgence.

On comprend donc que les attaques de Yunus sur la corruption politique l'aient touchée ! Ces derniers mois, elle avait déjà accuser la Grameen Bank de "sucer le sang des pauvres", en pratiquant des taux d'intérêt jugés trop élevés.

D'après Arnaud Ventura, vice-président du groupe PlaNet Finance, dont Yunus est le Président d'honneur, en raison de ses velléités politiques, le fondateur de la Grameen Bank "a été soumis à des pressions nombreuses, et même à des menaces de mort. Le premier ministre a clairement une dent contre lui".

Sheik Hasina Wajed Muhammad Yunus grameen bank bangladesh
Sheik Hasina Wajed : Premier ministre du Bangladesh, en campagne anti-Yunus.

Mobilisation internationale en faveur de Yunus

Muhammad Yunus a lancé une pétition pour défendre sa cause, appuyé par le Quotidien de Dacca : "Indépendamment de la conception négative qu'a le gouvernement du microcrédit, celui-ci reste l'unique apport du Bangladesh au reste du monde, grâce à Yunus." Un groupe facebook "Support Yunus: Nobel Peace Prize winner under attack" a également été créée.

L'ambassade américaine à Dacca a exprimé son "profond trouble" devant la tentative de limogeage et demandé à Dacca de traiter M. Yunus avec respect.

Sur son blog, Martin Hirsch, l'ancien président d'Emmaüs France, a publié une tribune intitulée "Il faut sauver le Professeur Yunus !", dans laquelle il écrit : "cela fait trois mois que le Professeur Yunus fait l'objet d'une terrifiante entreprise de déstabilisation dans son propre pays [...] Jusqu'à présent, rien n'a dissuadé le gouvernement du Bengladesh de poursuivre son noir dessein : destituer le Professeur Yunus, tenter de le discréditer, de le déshonorer. Cette tentative de bayonner un prix Nobel de la paix rappelle ce qui s'est passé en Birmanie, avec une autre combattante de la paix et de la liberté. Il faut une mobilisation internationale pour soutenir le Professeur Yunus".

Bernard-Henri Levy ne s'est pas encore exprimé dans son formidable bloc-note du Point. On attend sa réaction d'ici quelques jours.

La Haute Cour de Dacca devrait rendre son verdict le 6 mars. Affaire à suivre, donc.

mardi 1 mars 2011

Lancement de microStart à Bruxelles

L'ADIE, BNP Paribas Fortis, la Commission européenne et le Fonds européen d'investissement (FEI), ont annoncé le lancement d'un programme-pilote de microcrédit - microStart - dans les quartiers de Bruxelles souffrant le plus du chômage. MicroStart propose, depuis janvier 2011, des microcrédits, individuels ou collectifs, de 1.000 à 10.000 euros, à des personnes exclues du crédit bancaire et souhaitant créer ou développer une activité professionnelle indépendante.

Voici les commentaires des initiateurs de ce projet de microcrédit :
Richard Pelly, Président du Fonds européen d'investissement : "Nous sommes heureux de soutenir le lancement de cette nouvelle Institution de microfinance grâce a l'accord signé aujourd'hui. Nous sommes convaincus que microStart dynamisera le marché de la microfinance et encouragera la création de micro-entreprises en Belgique".

Maria Nowak, Présidente de l'ADIE : "Je me réjouis de voir le microcrédit, que l'ADIE a elle-même importé du Bangladesh et adapté au contexte des pays industriels il y a plus de 20 ans, s'étendre en Europe. Les initiatives de l'Adie en faveur de entrepreneuriat populaire dans les quartiers sensibles notamment, ont fait leur preuve en France ; je ne doute pas qu'elles porteront également leurs fruits en Belgique".

Max Jadot, PDG de BNP Paribas Fortis : "Lorsque l'on regarde de plus près l'évolution économique, démographique et de l'emploi dans certaines communes et quartiers de Bruxelles, il n'est pas difficile d'être convaincu de la nécessité d'une telle approche. Je suis particulièrement heureux d'inaugurer officiellement un tel projet qui illustre à plusieurs égards le dynamisme et la force positive que l'intégration de Fortis au sein du groupe BNP Paribas entend apporter à l'économie belge, tant pour les entreprises que pour tous les citoyens de ce pays, et en particulier les plus démunis".

2000 microcrédits octroyés à Ghardaia en Algérie

Said Barkat, le ministre algérien de la Solidarité nationale et de la famille a annoncé le 26 février que 2000 microcrédits sans intérêt ont été octroyés à des jeunes porteurs de projets et aux femmes au foyer de la wilaya de Ghardaia. Cette initiative s'inscrit dans le cadre des mesures prises par le Conseil des ministres en vue de prendre en charge les aspirations des populations défavorisées et créer de l'emploi pour les porteurs de projets, a précisé M. Barkat en visite dans la wilaya.

A noter que Said Barkat est également Président de l'association Les Droits de l'Enfant, ainsi que membre du bureau de l'Union des médecins algériens et de l'organisation humanitaire du Croissant Rouge algérien.

Sources : Algérie-Soir et Algérie 360.